La célébration de l´Année Guermaz prend progressivement place dans le calendrier culturel. Début mai, se déroulera au Centre culturel algérien de Paris, en étroite coopération avec le Cercle des amis du peintre (*), le premier hommage à l´artiste disparu dont on célèbre cette année, le 90e anniversaire de la naissance. Elle sera suivie par d´autres à Paris, Oran, Alger, Constantine, et des conférences-débat à Hambourg, Berlin et Bonn. Il est à souhaiter qu´il en soit de même à Mascara, sa ville natale, et dans d´autres cités algériennes. Pour le moment, si rien ne semble bouger du côté des monts de Beni Chougrane, il ne faut toutefois pas désespérer. Les édiles de la ville pourraient songer, un de ces jours, à baptiser une place, une rue ou une école du nom de leur illustre concitoyen. Le même geste est évidemment attendu de la ville d´Oran où il vécut la plus grande part de sa vie au 4, rue de la Macta, cette étroite artère qui monte du boulevard Zabana. Il était devenu urgent de restituer à Guermaz toute sa place et de le faire connaître aux jeunes générations. J´ai, du reste, toujours été frappé par l´ignorance de son existence dans notre pays. Une lacune partagée aussi bien par les milieux cultivés que par le reste de la population. Il est à espérer que les manifestations programmées rendront à Guermaz ce qui revient à Guermaz, c´est à dire une place importante dans l'histoire de la peinture moderne algérienne. Fruit d´un actif bénévolat, cette année engrange les initiatives et permet de mesurer les réserves de disponibilité et d´engagement de tous ceux et celles prêts à se mobiliser pour la défense et l´illustration de la culture algérienne. Après l´appel lancé en collaboration avec le Cercle des amis de Guermaz, et relayé par les médias et de nombreux sites sur la toile, j`ai reçu de multiples messages émanant d´artistes, d´enseignants, d´intellectuels, d´amateurs d´art, de journalistes ou de simples citoyens exprimant leur souhait de s´associer d´une manière ou d´une autre à l´évènement. Leur généreuse disponibilité sera mise en avant, au fur et à mesure, afin que leur participation serve d´exemple et soit récompensée par la reconnaissance publique. Cette démarche volontariste et citoyenne ne recourant ni à un budget ni à des moyens dont on ne dispose pas, a pour unique prétention de mettre en lumière un authentique créateur. Mon vœu le plus cher est qu´elle soit suivie d´initiatives semblables en faveur d´autres artistes et que partout soient célébrés ceux qui, dans l´ombre et le silence, ont œuvré avec humilité au rayonnement de la culture algérienne. J´insiste particulièrement sur ce point, car ailleurs, les artistes sont reconnus et honorés et non ignorés par leur « marâtre patrie » ainsi que l´écrivait feu Abdelkader Safir à propos de Guermaz. Il est essentiel de fournir à la jeunesse des repères constitutifs d´une mémoire culturelle dont elle a bien besoin. Il ne s´agit pas donc de gloser éternellement sur l´absence de gratitude dont pâtissent nos créateurs, mais de montrer, par des actions concrètes, aussi minimes soient-elles, que les Algériens peuvent pallier cette déficience par des actions citoyennes sans attendre des décisions officielles qui pourraient compléter ou non l´initiative populaire. Enseignants, chercheurs et auteurs ont un rôle considérable à jouerdans ce sens. *Ce Cercle, constitué par des amis du peintre et collectionneurs de ses œuvres, se transformera sous peu en association. Contact : [email protected]. Il semble qu´il existe également une association du même nom à Mascara.