L'écrivain et journaliste Hamid Skif, un des initiateurs de l'année Guermaz, révèle que la célébration de cet événement est en train de prendre forme à travers un calendrier culturel, débutant en mai, avec une première manifestation d'hommage qui aura lieu au Centre culturel algérien de Paris. Elle sera suivie par d'autres, tant dans la capitale française, à Oran, Alger qu'à Constantine, ainsi qu'avec des conférences-débats à Hambourg, Berlin et Bonn. Le cercle des amis du peintre, qui travaillent avec toutes les bonnes volontés, ont décidé de se constituer en association pour mieux asseoir leur action, leur initiative, faut-il le rappeler, étant le fruit d'une démarche volontariste et citoyenne ne recourant ni à un budget ni à des moyens à leur disposition. Leur appel, relayé par les médias ainsi que par de nombreux sites sur la Toile, a valu à Skif de multiples messages émanant d'artistes, d'enseignants, d'intellectuels, d'amateurs d'art, de journalistes ou de simples citoyens exprimant leur souhait de s'associer à l'événement. Pour ce qui est de la multiplication des manifestations, explique Skif : « Il est à souhaiter qu'il en soit de même à Mascara, sa ville natale, et dans d'autres cités algériennes. Pour le moment, si rien ne semble bouger du côté des monts de Beni Chougrane, il ne faut toutefois pas désespérer de Mascara. Ses édiles pourraient songer, un de ces jours, à baptiser une place, une rue ou un établissement scolaire du nom de leur illustre concitoyen. Le même geste est évidemment attendu de la ville d'Oran, où il a vécu la plus grande partie de sa vie au 4, rue de la Macta, cette étroite artère qui monte du boulevard Zabana, juste en face du musée du même nom, pour rejoindre l'esplanade de l'Indépendance, l'ancienne Tahtaha. » Pour Skif, il était opportun de saisir l'occasion de la célébration du 90e anniversaire de la naissance de Guermaz pour rendre hommage à celui qui est considéré par la critique et les institutions muséales comme l'un des plus grands artistes algériens, disparu dans l'anonymat en 1996. « Il était devenu urgent de restituer à Guermaz toute sa place et de le faire connaître aux jeunes générations. J'ai, du reste, toujours été frappé par l'ignorance de nos compatriotes de son existence. Une lacune partagée aussi bien par les milieux cultivés que par le reste de la population. Il est à espérer que les manifestations programmées rendront à Guermaz ce qui revient à Guermaz, c'est-à-dire une place centrale dans la jeune histoire de la peinture algérienne. Mon vœu le plus cher est qu'elle soit suivie d'initiatives semblables en faveur d'autres artistes et que partout soient célébrés ceux qui, dans l'ombre et le silence, ont œuvré avec humilité au rayonnement de la culture algérienne. J'insiste particulièrement sur ce point, car ailleurs, les artistes sont reconnus et honorés et non ignorés par leur ‘'marâtre patrie'', ainsi que l'écrivait le défunt Abdelkader Safir à propos de Guermaz. Au-delà de la nécessité de rendre justice à l'artiste, il était essentiel de fournir à la jeunesse des repères constitutifs d'une mémoire culturelle dont elle a bien besoin. Il ne s'agit donc pas de gloser éternellement sur l'absence de gratitude dont pâtissent nos créateurs, mais de montrer, par des actions concrètes, aussi minimes soient-elles, que les Algériens peuvent pallier cette déficience par des actions citoyennes sans attendre des décisions officielles qui pourraient compléter ou non l'initiative populaire. Enseignants, chercheurs et auteurs ont un rôle considérable à jouer dans l'affaire en initiant des recherches, en publiant et en incitant étudiants et élèves à découvrir les multiples facettes de notre culture, tout en évitant de se focaliser uniquement sur les plus médiatisées d'entre elles, dans une démarche qui s'apparente trop souvent à de la paresse ou à un manque de curiosité. »