En avril prochain, auront lieu des élections parlementaires qui aboutiront à la désignation du nouveau président selon le système sud-africain. L'ANC, le puissant parti au pouvoir, risque d'avoir un sérieux concurrent cette fois, après que l'ancien ministre de la Défense ait claqué la porte pour aller créer son propre parti. Mais c'est la justice qui pourrait compromettre les chances de Jacob Zuma, l'actuel n°1 de l'ANC. Le feuilleton vaudevillesque qui alimente la chronique politique locale ne manque toujours pas de rebondissements à quelques semaines de l'échéance suprême. Entre le Président démissionnaire, Thabo Mbeki, et l'actuel prétendant à la magistrature, une guerre fratricide a été déclenchée depuis deux années, et c'est la justice qui pourra l'emporter en épilogue. Pourtant, rien ne prédisposait les deux hommes à de telles joutes qui ont coûté d'abord son poste à Mbeki et pourraient pousser Zuma dans une cellule de prison. Le premier avait intronisé l'autre au poste de vice-président, comme gage de bonne volonté adressé aux Zoulous (la tribu de Zuma était soupçonnée d'intelligence avec le système d'apartheid suite au conflit armé engagé contre l'ANC par le parti Zoulu-Inkatha, ce qui avait jusque-là éloigné les Zoulous des postes-clés du pouvoir, monopolisé par les Xhosa, tribu de Mandela et Mbeki et berceau de l'ANC). Soupçonnant des ambitions chez Zuma, Mbeki profite de l'apparition du nom de Zuma lors d'un procès de corruption dans un marché d'armement et suggère à ce dernier de démissionner de son poste de vice-président. Nous sommes en 2006 et Zuma refuse de se plier à la demande. Il sera néanmoins isolé par le parti, et Mbeki croit s'être débarrassé de lui. Un deuxième scandale touche Zuma, quand une femme atteinte du sida le confond devant un tribunal pour viol. Elle ne réussit pas à prouver le viol, mais sa réputation en prendra un coup. Néanmoins, en novembre 2007, Zuma bat Mbeki aux élections du parti et devient premier secrétaire. En décembre 2007, suite à sa traduction devant la justice dans l'affaire de l'armement, Zuma dépose plainte auprès de la cour suprême, affirmant qu'il est victime d'un procès politique et obtient gain de cause en septembre 2008. Suite à cela, le parti demande à Mbeki, soupçonné par la cour d'avoir usé de son influence pour confondre Zuma, de démissionner. Ce qui sera fait. Depuis, c'est Kgalema Mothlanté qui assume la présidence jusqu'aux élections d'avril prochain. Entre-temps, de nouveaux éléments sont intervenus et Zuma est de nouveau sur le gril de la justice, qui demeure indépendante et bien au dessus de la mêlée politique.