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Pascal Boniface. Directeur de l'Institut des relations internationales et stratégiques
Publié dans El Watan le 08 - 06 - 2006

Vous êtes le patron de l'Iris. Vous êtes d'abord chercheur, géopolitique. Alors, pourquoi un livre sur le football ?
Mon premier métier est de travailler sur les questions géostratégiques, géopolitiques, et donc d'étudier la politique européenne, le Proche-Orient , les Etats-Unis, le terrorisme, etc., mais je suis un passionné de football et donc j'ai essayé de trouver un point d'adéquation entre ma passion et ma profession ; et j'ai pu voir que l'on pouvait appliquer des raisonnements géopolitiques au football, parce que ce sport est devenu un phénomène tellement universel qu'il a pris désormais une importance géopolitique.
Quel est le rapport entre le football et la mondialisation ?
Le football est le symbole même – et pour oser un jeu de mots -, le stade ultime de la mondialisation ; il n'y a pas de phénomène qui soit plus universel que le football lorsque l'on parle de mondialisation, du cinéma on parle des chansons d'Hollywood, on parle de la démocratie ou d'internet, mais aucun de ces phénomènes n'a autant imprégné la terre entière que le football. Et dans les coins les plus reculés de n'importe quel pays du tiers monde, on peut jouer au football alors qu'internet n'est pas accessible à la population. Donc une simple observation suffit pour montrer que le football est le phénomène le plus global, le plus mondial qui soit aujourd'hui.
Le football peut-il être un moyen de contact plus simple entre les nations et les peuples ?
C'est effectivement un moyen de contact ; il est à peu près probable que pour un enfant de n'importe quel pays du monde, le premier contact qu'il aura avec des peuples extérieurs sera par le football. Zinédine Zidane est un français d'origine algérienne, il est connu dans le monde entier, et c'est certainement le Français le plus connu au monde ; et Ronaldinho est aussi le brésilien le plus connu, ainsi que Bekham est le Britannique le plus connu, et ce sont donc des icônes mondiales qui sont connues dans les quatre coins de la planète par l'ensemble des populations.
Donc, le football est un moyen de connaître l'autre. Il y a aussi de nombreuses personnes qui finalement apprennent la géographie parce qu'elles suivent des compétitions de football et qu'elles se déplacent en suivant leurs équipes ou leurs équipes nationales au moins par la pensée, si ce n'est directement.
Un pays existe à travers son Etat, peut-il aussi exister à travers son football ?
En Algérie, vous connaissez bien cela, puisque l'équipe de football d'Algérie a précédé la création de l'Etat. Des joueurs algériens, qui jouaient en France, ont quitté la France pour former une équipe nationale algérienne, entre 1958-1961,avant la reconnaissance officielle de l'Algérie par la communauté internationale.
L'équipe de football a préconstitué l'Etat algérien. Aujourd'hui, pour faire une autre référence, on voit bien que la Palestine, qui n'est pas encore reconnue par l'ONU, est admise à la FIFA. Elle a une équipe nationale de football. Elle s'entraîne dans des conditions extrêmement difficiles, mais l'équipe existe.
Vous mettez dans cet ouvrage tout votre talent reconnu d'analyste de l'actualité politique internationale. Peut-on dire aujourd'hui que le football s'exporte plus facilement que la démocratie ?
Oui, bien sûr, et puis cela veut dire aussi que le football peut être une sorte de préfiguration des relations géopolitiques. On l'a vu dans l'ex-Yougoslavie, où les craquements de la fédération ont pu être observés à travers les matchs serrés entre des équipes serbes et des équipes croates ; ce qui aurait dû alerter sur l'état moins puissant que l'on pensait de la fédération ; donc le football est souvent un précurseur, un signal d'alerte dans les relations internationales.
Où se situe le football par rapport à un pays comme les Etats-Unis qui se targue d'exporter la démocratie et les droits de l'homme là où ils n'existent pas ?
Eh bien non. C'est justement une partie de l'intérêt du football, ou de ses singularités ; ce phénomène global n'est pas dominé par les Etats-Unis comme d'autres phénomènes qui sont eux aussi globaux, et en termes de football, les Etats-Unis ne sont qu'une puissance parmi d'autres, au même niveau que d'autres, ils n'ont pas du tout le caractère dominant ni le caractère agressif qu'ils peuvent avoir sur le plan stratégique.
Doit-on aussi parler de la face sombre du football. Il existe bien des nations, des peuples qui ne s'entendent plus à cause du football ?
Non, je ne vois pas vraiment, il ne faut pas confondre l'effet et la cause. On peut dire qu'il y a eu une guerre de football entre le Salvador et le Honduras, mais les causes réelles de cette guerre étaient des causes géopolitiques de pression foncière et de flux migratoire. Je ne vois pas qu'il y est des populations qui ne s'entendent plus à cause du football ; il peut y avoir d'autres cas comme celui par exemple de la France et de l'Allemagne.
Nos deux pays qui se sont longtemps et durement opposés dans le passé sont désormais proches politiquement, pour ne pas dire unis. Lorsque les équipes nationales de football se rencontrent, nous redevenons des Allemands ou des Français, et nous souhaitons vivement vaincre l'autre, c'est peut-être l'endroit résiduel de l'affirmation d'une identité nationale en Europe où les identités ont tendance à s'effacer.
Vous évoquez bien des exemples dans votre ouvrage parmi lesquels des exemples africains. Le cas d'une Assemblée nationale où l'opposition est fortement représentée et où le football réussit très facilement à détendre l'atmosphère ?
Oui, regardez, par exemple, un pays comme la Côte d'Ivoire, qui est déchiré par une guerre civile ou une guerre très très dure. Les musulmans du Nord et les chrétiens du Sud sont unis dans l'équipe nationale de football de Côte d'Ivoire et ont même lancé un vibrant appel à leurs dirigeants et à la population pour qu'elle cesse la guerre, et toute la population était unie autour de cette équipe. De même d'ailleurs pour la Turquie, même si elle n'est pas qualifiée cette année pour la Coupe du monde, les Kurdes de Turquie soutiennent l'équipe nationale, ils n'ont pas, par rapport à l'équipe nationale, de volonté autonomiste ou séparatiste.
Pour terminer, peut-être cette anecdote que vous relatez dans votre ouvrage. Il s'agit de cette rencontre au sommet sur le Kosovo et qui se déroulait au même moment qu'une importante rencontre de football ?
Oui c'est un épisode (un petit peu) connu par les spécialistes, c'était lors de la guerre du Kosovo en 1999, il y avait une conférence téléphonique quotidienne entre les ministres des AE américain, français, britannique, allemand et italien, qui gérait au cours d'une conversation multiplex le conflit, et un soir (les conversations téléphoniques se passaient le soir), il y avait donc une conversation entre ces cinq ministres, et tout d'un coup Joshka Ficher a poussé des hurlements pendant que Madeleine Albright était en train d'évoquer la suite des opérations à mener. Tout le monde s'est un peu demandé ce qui s'est passé, et en fait Joshka Ficher, tout en discutant au téléphone du suivi de la guerre du Kosovo, était devant sa télévision en train de regarder la finale de la Champions League entre le Bayern Munich, équipe allemande, et Manchester United. Les amateurs de football se rappellent que le Bayern Munich menait un à zéro jusqu'à trois minutes de la fin, et qu'en trois minutes les Britanniques ont inversé la vapeur et ont remporté le match, d'où les hurlements qui ont suscité les très grands étonnements. Les hurlements de Joshka Ficher (de déception bien sûr) qui ont suscité l'étonnement des autres ministres des AE.


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