Pour aujourd'hui, les archs ont annoncé « une action de défiance à Tizi Ouzou lors du meeting électoral de Bouteflika, premier responsable des maux de la Kabylie ». Le président-candidat à la présidentielle du 9 avril prochain sera aujourd'hui à Tizi Ouzou pour poursuivre sa campagne électorale. Sa dernière visite remonte au 19 septembre 2005 lorsqu'il est venu défendre son projet de la réconciliation nationale. Le meeting tenu au stade du 1er Novembre a été bruyamment chahuté par une grande partie de l'assistance. Serait-ce alors pour éviter des débordements du genre que le rendez-vous de ce matin sera exclusivement réservé « à la société civile ? Ould Ali l'Hadi, directeur de campagne de wilaya, affirme : « Le président viendra demain à la rencontre de la société civile à la salle de la maison de la culture vers 9h. Il fera auparavant un bain de foule sur le long de l'itinéraire. » Le Président évitera ainsi une rencontre avec le public, préférant s'adresser à une assistance triée et constituée entièrement des membres des comités de soutien. Cette visite à Tizi Ouzou, quatre ans après, paraît curieuse, en effet. Non seulement, il n'y aura pas les grandes foules dans la salle (qui comprend 800 sièges), mais aussi en cette journée de vendredi, la ville de Tizi Ouzou rentre dans une léthargie qui devient légendaire. « Bouteflika viendra voir ses serviteurs et non pas le citoyen en proie à différentes souffrances. Il s'adressera à ceux qui mangent à tous les râteliers. Cette fois-ci, ils sont encore nombreux. Quant à nous, on continuera à nous morfondre dans le désespoir et le 9 avril, sera un jour qui enterrera définitivement nos espoirs », dit Hocine, artiste plasticien. Des propos à maintes fois répétés ou entendus de la bouche d'une jeunesse bousculée par la mal vie. Le spectre de l'abstention hante profondément les esprits des multiples comités de soutien à la candidature du Président qui ont ouvert des permanences dans quasiment les 67 communes de la wilaya. Dans le chef-lieu de wilaya, il n'y a eu aucun meeting, contrairement à certaines localités. Les néophytes de la politique qui ont outrageusement exploité les espaces laissés par l'opposition, ont offert des prestations de services, généreusement rétribués. Des restaurants, des cafétérias et des locaux divers sont transformés en permanences électorales. Le MAK appelle à une marche Les résultats de cette campagne tapageuse des pro-Bouteflika ne sont pas prévisibles. Dans ce charivari, seul le MAK (Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie) fait des apparitions à travers ses slogans et des appels « à une marche unitaire le 20 avril prochain » pour revendiquer entre autres, l'autonomie de la Kabylie. Dans la ville de Tizi Ouzou, comme dans les localités de la wilaya, un nouveau phénomène apparaît ; l'indifférence. Le vandalisme d'avant qui consistait en la destruction des panneaux métalliques d'affichage n'a pas fait son apparition. Même les affiches et les portraits du candidat ne sont pas arrachés systématiquement. En 2004, lors de la campagne présidentielle, Bouteflika était attendu sur plusieurs questions portées essentiellement à l'époque par l'organisation des archs : officialisation de tamazight, satisfaction des revendications de la plate-forme d'El Kseur, etc. 2009 se présente d'une autre manière. L'opposition est absente bien que la CADC (archs de Tizi Ouzou) ait annoncé à travers un communiqué, en date du 13 mars 2009, son intention de perturber la visite de Bouteflika aujourd'hui. L'organisation de Bélaïd Abrika et consorts a ainsi annoncé que « le mouvement des archs, les parents des martyrs et les victimes du Printemps noir 2001 (…) rejettent la mascarade électorale du 9 avril 2009 et appellent à une mobilisation exceptionnelle pour faire barrage à cette énième supercherie ». Pour aujourd'hui, les archs ont annoncé « une action de défiance à Tizi Ouzou lors du meeting électoral de Bouteflika, premier responsable des maux de la Kabylie ». Tizi Ouzou, wilaya de 1,2 million d'habitants, compte 60% de chômeurs, des projets gelés comme l'autoroute vers Azazga et le stade plympique, la rocade Sud qui date des années 1980 n'est pas encore réceptionnée, des PME et PMI délocalisées. Les retards sont imputés par Ahmed Ouyahia à plusieurs reprises aux événements de 2001. Des voix officielles ont annoncé que l'Etat a affecté 252 milliards de dinars pour Tizi Ouzou, entre 1999 et 2008. Pour le prochain quinquennat (2009-2013), l'on annonce 232 milliards de dinars. Pourtant, la voie vers le sous-développement de la wilaya est bien réelle.