« Le système algérien ne changera que s'il y a un président intègre qui osera changer à la fois les structures et les institutions en place », affirme Isabelle Werenfels, politologue et chercheuse à l'institut allemand, Stiftung Wissenschaft und Politik. Intervenant, hier, lors des débats d'El Watan, Isabelle Werenfels qui vient de publier un ouvrage sur le système politique algérien s'est longuement étalée sur la structure du système de gouvernement en Algérie et les raisons qui font que celui-ci résiste encore à toutes les tentatives du changement. Selon elle, le changement du système qui, aujourd'hui, est quasi impossible, n'interviendra qu'avec un président « réformateur qui ne travaille pas pour ses intérêts personnels ». « Je pense que même après Bouteflika, le système ne s'effondrera pas, car il y a d'autres structures qui le maintiendront », affirme-t-elle. Ces structures sont, selon elles, « les faucons (les militaires), les groupes économiques et la clientèle du pouvoir qui est composée notamment de diverses associations ». « Il y a beaucoup de dynamiques qui pourraient être positives et déstabiliser le système. Mais, aujourd'hui, ces dynamiques préfèrent se déstabiliser elles-mêmes", lance-t-elle. En plus de ce facteur interne, le système algérien est soutenu également par les grandes puissances mondiales que sont les USA et l'Europe. Ces derniers, assure-t-elle, ne se soucient plus de la démocratisation du pays, mais de sa stabilité. Dans ce sens, la conférencière rappelle le soutien du président français à « un troisième mandat au profit du président Bouteflika ». Faisant référence à son étude sur le système algérien menée entre 2001 et 2004, Isabelle Werenfels relève « que les Algériens ne croient plus à un changement par le dialogue politique ». Pour conclure, elle précise que la transition d'un pouvoir autoritaire à un pouvoir démocratique n'aura lieu que « s'il y a un mouvement crédible qui proposerait une alternative ». « Ce mouvement devra avoir un programme sérieux et fédérer autour de lui la majorité de la population », note-t-elle. A souligner que la problématique choisie a suscité des débats intéressants.