Dissension, « redressement », guerre de leadership : pourquoi les partis algériens n'arrivent-ils pas à sortir de ce cycle vicieux ? Le regard sur les partis politiques algériens en 2009 renvoie une triste image. Non seulement beaucoup de partis souffrent d'un déficit de démocratie interne et d'alternance de leadership (RCD, FFS, PT), mais en plus plusieurs formations sont secouées par des dissensions internes (MSP, FLN, FNA, etc.). De telles luttes ne représentent pas un nouveau phénomène sur la scène politique algérienne. Le politologue américain William B. Quandt avait écrit en 1968 que le mouvement de libération n'avait pas — en dépit de ce qu'on pouvait croire — produit une élite solidaire, mais plutôt une élite post-coloniale traversée par des divisions profondes. Les dissensions contemporaines des partis algériens sont marquées de trois choses : d'abord, il ne s'agit pas de luttes d'idées, mais des luttes de personnes qui se voient comme des zu'ama. Au MSP par exemple, on voit mal des grandes divergences d'idées entre Soltani et Menasra. Ensuite, ces luttes sont promues par des décideurs politiques, soit à la Présidence, au DRS ou même au gouvernement, qui essayent ainsi de maintenir leur pouvoir par une stratégie de division. La trajectoire d'Ennahda et puis d'El Islah depuis 1999 peut servir d'illustration. En dernier, cette stratégie fonctionne bien à cause des multiples clivages dans la société algérienne : on peut jouer sur des appartenances régionales, ethniques et même tribales, et on peut se servir de ceux qui se prévalent de la légitimité révolutionnaire contre ceux sans cette légitimité, ou des francophones et berbérophones contre les arabophones, etc. Tout cela produit une culture politique de fragmentation et d'auto-fragmentation.