Enregistrée dans les jardins de la Maison de l'Europe, à quelques pas de la bâtisse du Parlement européen, à Bruxelles, en Belgique, l'émission a été animée par Paul Germain, directeur adjoint de l'information à TV5 Monde. Etaient conviés aux débats des journalistes d'Algérie, Ghania Mouffok et le reporter d'El Watan, du Maroc, Ahmed Zaki, directeur de la rédaction d'Al Bayane et Aboubakr Jamaï, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Le Journal, de Tunisie, Zyed Krichen, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Réalités. TV5 Monde a également invité Baudouin Loos, journaliste au quotidien belge Le Soir et spécialiste du Maghreb ainsi que Zyad Limam, directeur du mensuel Afrique Magazine qui paraît à Paris. Ali Dilem et Pierre Kroll, caricaturiste au Soir, de prendre part à l'émission à travers leurs dessins. Une équipe a réalisé au Maroc sur la situation des médias soumis, depuis 2000, à de fortes pressions. En plus des fortes amendes, imposées par les tribunaux, les journaux sont piégés par le chantage des annonceurs. «Le roi est le premier homme d'affaires du royaume. Et beaucoup de multinationales et de groupes économiques préfèrent donner la publicité aux journaux qui ne dérangent pas le palais», estime Aboubakr Jamaï. A cause de ce boycott, le chiffre d'affaires du journal a chuté de 80%. Revenu du Maroc, Baudoin Loos a évoqué «les lignes rouges» dressées devant les journalistes. Dans un reportage, publié lundi 26 juin, par Le Soir, il relate l'état d'une presse en «liberté surveillée, sous l'œil vigilant du palais» et explique «la censure» qui frappe l'humoriste Bziz, interdit de salle et de télévision. Le paradoxe est que la Maroc fait des pas assez courageux sur le chemin de l'ouverture audiovisuelle. «Une ouverture contrôlée», observe Ahmed Zaki. Le gouvernement marocain vient de donner l'agrément à neuf projets de radios libres. Il sera le premier pays arabe à le faire après le Liban. Medi 1 va, elle aussi, lancer la première chaîne privée du pays avec Medi 1 Sat. Les journalistes marocains craignent que cette chaîne soit peu indépendante compte tenu de ses liens, qualifiés d'étroit, avec le palais royal. En Tunisie, où la chaîne privée Hannibal diffuse plusieurs mois sans créer de révolution dans l'espace médiatique, la situation de la presse est dramatique. «Consternante», selon Baudoin Loos. Il remarque, pour souligner l'état de fermeture du régime de Ben Ali, que les agences internationales de presse se contentent de rapporter les informations sportives. «Comme s'il ne se passe rien d'autres en Tunisie», relève-t-il, soulignant l'absence de presse d'opposition et le harcèlement contre les journalistes libres. Même si toutes les organisations internationales classent la Tunisie comme un pays où il n'existe aucune liberté d'expression ou d'opinion, Zyed Krichen pense le contraire. D'après lui, cinq journaux d'opposition apparaissent à Tunis sans contrainte. Dans son dernier numéro, Réalités célèbre la participation de la Tunisie à la première session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, qui se tient à Genève en Suisse. Le Parlement européen vient d'interpeller officiellement le Conseil de l'Europe sur les atteintes aux droits humains et aux libertés en Tunisie et la possibilité de revoir l'accord d'association signé avec le pays de Ben Ali. Les journalistes algériens ont évoqué l'environnement hostile dans lequel évolue la presse écrite algérienne, marqué par le maintien de l'état d'urgence et de lois répressives contre les médias. Ghania Mouffok a parlé du rôle politique joué par la presse après l'arrêt du processus électoral en 1992 et critiqué sa façon de «trop coller» à l'activité institutionnelle aux dépens de l'actualité relative à la vie quotidienne des citoyens. La presse a, selon elle, régressé autant en Algérie qu'au Maroc. Les participants algériens ont évoqué le climat non démocratique dans lequel travaille la presse, qui ne cesse de se détériorer ces dernières années. Le rôle de l'Union européenne (UE), qui a soutenu l'émission, a été abordé. Dans un reportage, des parlementaires européens ont plaidé pour un engagement plus poussé de l'UE en faveur de la liberté de la presse au Maghreb. L'émission «Kiosque», diffusée chaque semaine et dont la rédaction en chef est assurée par Sylvie Braibant, reçoit des journalistes du monde entier, qui analysent et décortiquent l'actualité internationale. TV5 Monde, qui émet sur sept réseaux, comme l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, envisage de réaliser des émissions et des reportages en Algérie. A condition de surmonter certaines contraintes.