Cinq ans se sont écoulés depuis l'assassinat du journaliste libanais Gebran Tueni, tué dans l'explosion d'une voiture piégée alors qu'il se rendait à son travail. En hommage au courage de Tueni et à sa détermination à défendre la liberté de la presse, l'Association mondiale des journaux et des éditeurs de nouvelles (AMJ-IFRA) continue de décerner un prix en son nom à un rédacteur ou à un éditeur du monde arabe. Le lauréat de cette année est Aboubakr Jamaï, cofondateur et ancien directeur général du Journal Hebdomadaire. «L'attribution de ce prix prestigieux constitue un hommage à tous les journalistes marocains qui souffrent en raison des limites imposées à leur liberté d'expression ces dernières années», a déclaré M. Jamaï, qui donne des cours sur l'Islam politique et la politique au Moyen-Orient à l'université de San Diego, aux Etats-Unis. Le Journal Hebdomadaire s'est imposé comme une voix critique tenace qui tient les autorités responsables de s'attaquer à la corruption, de faire preuve de transparence et de cesser les violations des droits de la personne. L'hebdomadaire est assommé par des amendes imposées par la Cour suprême du Maroc. Les autorités ont ordonné aux annonceurs de boycotter la publication, empêchant toute forme de reprise financière. Le journal a été fermé en janvier 2010. La fondation libanaise Maharat attire l'attention sur le fait que l'assassinat de Tueni s'est inscrit dans une série d'assassinats de politiciens et de travailleurs des médias survenus en 2005, et ce, six mois après le meurtre du journaliste Samir Kassir. Maharat presse les autorités libanaises d'intensifier leurs efforts pour traduire en justice les responsables du meurtre de Gebran Tueni, parce que le fait que les tueurs restent en liberté encourage l'impunité qui sévit au Liban.