C'est en 2004 et 2005 que les services agricoles des wilayas de Ouargla, Ghardaïa, Biskra, El Oued, Laghouat et Illizi ont joint leurs efforts à ceux de la direction de la pêche et des ressources halieutiques de Ouargla et la Chambre interwilaya de la filière pour lancer cet essai. Ainsi, en parallèle à l'expérimentation du poisson de type tilapia du Nil pour amorcer le projet halieutique dans le Sud, l'ensemencement du gambusia dans une soixantaine d'exploitations agricoles a porté ses fruits. La distribution de lots d'une cinquantaine de pièces chacun à des agriculteurs volontaires a marqué le grand retour à la lutte biologique contre la multiplication des insectes vecteurs de maladies, en particulier les moustiques vecteurs du paludisme et autres affections tropicales qui gîtent dans les points d'eaux stagnantes.Deux étés après, le gambusia se reproduit abondamment dans les zones visées, ce qui couronne la réintégration d'un poisson qui a le mérite de se nourrir des larves de moustiques. Des lieux très répandus dans la région, soit à l'état naturel tel que les lits d'oueds ou gueltas ou par le fait de l'homme qui crée des plans d'eau stagnante, soit par la remontée de la nappe phréatique ou les déversements d'eaux usées. L'eau remontant à la surface du sol est propice à la ponte des œufs de moustiques. Et à défaut d'en supprimer les causes, à savoir le gaspillage de l'eau, l'idée d'utiliser ces points d'eau pour la lutte biologique contre les moustiques a été remise au goût du jour. L'emploi de cette méthode non reconduite pour le moment est encore limité pour des raisons non évidentes, car la détermination des objectifs de la lutte est faite y compris par les épidémiologistes du secteur sanitaire, notamment le Dr Chaïb, l'un des premiers à préconiser le retour de l'ensemencement du gambusia après l'épidémie du paludisme en 2000. La première opération a été tentée avec brio dans les marécages de Saïd Otba et Sokra, et depuis, l'idée a fait son chemin. Mais une production en masse pour permettre une mise en œuvre à grande échelle n'est hélas pas encore envisagée. Infestées par les eaux stagnantes avec un cadre bâti inapproprié à la nature du désert et en totale dégradation, les wilayas concernées, Ouargla en particulier ont plus que jamais besoin d'un programme d'hygiène mieux réfléchi. Une lutte intégrée contre tous les insectes dangereux, y compris les mouches et les scorpions porteurs de trachome et de mort. Une lutte qui associerait tous les moyens disponibles, chimiques et biologiques … Pour rappel, l'introduction du gambusia en Algérie remonte justement aux tentatives d'éradication du paludisme. L'institut Pasteur d'Algérie avait introduit avec succès ce petit poisson du Texas en 1926. Et c'est justement la résurgence de cette maladie depuis quelque années puis sont évolution à l'état d'épidémie en 2000 à Ouargla qui a réveillé les anciens réflexes antipaludiques acquis depuis le début du siècle dernier dans cette zone endémique.