Demain s'ouvre à Alger un séminaire de trois jours sur le terrorisme et le crime organisé dans les pays de l'Afrique du Nord et de l'Ouest. Organisée par le Centre africain d'étude et de recherche sur le terrorisme (Caert), cette rencontre va regrouper les représentants de 14 pays africains (Nord et Ouest) ainsi que des organisations régionales comme entre autres la Cedao, la Communauté économique sahélo-saharienne, des Etats de l'Afrique australe, de l'Afrique Centrale et les experts de l'Office des Nations unies pour la drogue (ONDC), l'Organisation internationale de la migration, l'Organisation mondiale des douanes, Interpol, l'Organisation internationale maritime, etc. Il y aura également la participation de 5 spécialistes espagnols et d'autres de l'Union européenne. Il y aura aussi des experts de la Guinée Bissau, invités à titre individuel, du fait que l'Union africaine a suspendu l'adhésion de leur pays depuis l'assassinat de son président et de son chef d'état-major. Le thème choisi pour cette conférence n'est pas fortuit. L'interconnexion entre le terrorisme et la criminalité organisée, notamment dans la région sahélo-saharienne n'est plus à démontrer et certains voient la sortie du Caert comme un peu tardive. « Non », a répondu Boubacar Daoussou Diarra, son directeur. « Le centre est une structure de réflexion et de recherche. Nous mettons en contact les points focaux, c'est-à-dire les Monsieur terrorisme et Monsieur criminalité organisée des pays concernés, et chacun fait son analyse de la situation selon les éléments d'information vérifiés et vérifiables qu'il a en main. Nous ne sommes qu'un organisme qui alerte sur les éventuelles menaces qui guettent le continent et qui assure la formation des points focaux sur des thèmes spécifiques très importants, grâce à la participation d'experts... », a déclaré le directeur du Caert. Il a relevé, par ailleurs, que comme son nom l'indique, le centre a une vocation de recherche et d'analyse, dans le but de collecter le maximum d'informations sur le terrorisme. « Les points focaux sont actuellement mis en réseau de manière à créer une unité d'alerte et de prévention sur le phénomène du terrorisme mais aussi toutes les autres menaces qui lui sont liées comme le trafic de drogue, la criminalité organisée et la contrebande… », a indiqué M. Boubaccar. Depuis sa création, en 2004, à ce jour, le Centre ne semble pas très actif, ont relevé certains observateurs. Une critique que le directeur rejette, estimant que le travail de mise en réseau et de sécurisation de la circulation de l'information dans des pays, comme ceux de l'Afrique, a pris tout le temps. « Aujourd'hui, sur les 53 pays africains, 40 ont déjà désigné un point focal terrorisme. Ce qui est très important puisqu'ils sont plus nombreux que les pays qui ont ratifié la convention sur le terrorisme. Nous pouvons dire que la tendance est bonne… ». Les rencontres de ces points focaux permettent, en fait, de centraliser l'information, qui parvient de tous les pays, de l'analyser par des spécialistes et d'être mise dans une base de données. Nous ne pouvons pas affirmer qu'une telle menace ou autre est réelle que si celle-ci est mise en relief par les points focaux. « Pour le lien entre trafic de drogue et terrorisme, nous n'avons pas encore des preuves matérielles, mais notre attention a été attirée sur le fait qu'une bonne partie de la cocaïne colombienne est introduite en Afrique par la Guinée Bissau et traverse l'Afrique centrale et la région sub-sahélienne. Il faudrait des séminaires sur la drogue et le terrorisme, auxquels seront conviés les points focaux : drogue et terrorisme de tous les pays de la région, pour pouvoir être formelle sur la menace... », a déclaré le directeur du Caert.