Après le sit-in organisé lundi dernier aux portes du complexe avec la tentative avortée d'interdire l'accès à J.-M. Estruch, le PDG de l'entreprise, les travailleurs contractuels de Fertial, près de 120, s'engagent de nouveau dans la protestation. Ils sont revenus à la charge, hier vers 14h, en se rassemblant cette fois devant l'entrée principale du holding Asmidal pour protester contre le non-renouvellement par le partenaire espagnol de leur contrat de travail. Ont-ils frappé à la mauvaise porte ? Une question qui mérite d'être posée quand on sait que le holding Asmidal, une entité créée au lendemain de l'entrée en vigueur du contrat d'association entre les groupes Asmidal et Villar Mir, ne détient que 34% des actions de la société Fertial, les pouvoirs de gestion et de décision étant, de ce fait, exclus. C'est du moins ce qu'a laissé entendre le PDG du holding Asmidal, lorsqu'il nous a déclaré : « Il faut savoir que nous sommes minoritaires. Nous détenons seulement 34% de parts du capital. Nous n'avons pas le pouvoir de gestion ni de décision. Toutefois, ceci ne nous a pas empêchés de suivre avec beaucoup d'attention le dossier. Nous avons saisi tous les hauts responsables de près ou de loin concernés. Cette affaire est bien prise en charge, aussi bien par le directoire de la SGP Somines que par le ministère de tutelle. » Le responsable s'interroge, par ailleurs, sur les raisons ayant poussé ces contractuels à choisir la direction de son holding pour protester contre une décision émanant du propriétaire de Fertial. « Nous avons demandé des clarifications à notre partenaire espagnol. D'ailleurs, ces clarifications ne concernent pas uniquement le volet social. Elles ont trait à l'ensemble des engagements arrêtés dans le contrat d'association. Je n'arrive pas à expliquer pourquoi on nous rend coupables d'une mesure qui n'est pas la nôtre », affirme-t-il. Ces contractuels, en désarroi, sont-ils manipulés par leurs représentants syndicaux, d'autant plus que l'événement intervient en pleine période électorale ? Tout porte à le croire car, curieusement, le syndicat du complexe Fertial reste placide, voire inerte. En l'absence de toute réaction officielle, il se limite à tirer les ficelles et à orienter les contractuels « désorientés » par la menace de perdre leur gagne-pain et ce, tout en les assurant de leur solidarité dans leurs actions de protestation. Pourtant, c'est ce même syndicat qui avait, pour rappel, signé le pacte social (planning de compression des contractuels inclus) avec le partenaire espagnol. Il avait essayé de se rattraper en dénonçant unilatéralement cet accord en 2008. « L'accord portant sur le processus d'indemnisation signé au mois d'octobre 2007 avec la direction générale de Fertial a été officiellement dénoncé aux instances concernées (DG, inspection du travail et tutelles syndicales) et ce, pour le non-respect de l'esprit de l'accord sur différents points », est-il écrit dans le communiqué affiché par le syndicat au niveau de l'usine à l'adresse des travailleurs. Pour de plus amples informations ayant trait à ce conflit, nos maintes tentatives de joindre les membres du syndicat sont restées vaines. Après ce énième sit-in, les contractuels protestataires ont été orientés, en fin d'après-midi, vers les services de la wilaya. Au terme de près d'une demi-heure de réunion avec les protestataires, le représentant du wali a instruit l'inspecteur régional du travail de désigner une commission d'enquête qui aura pour mission de prendre attache dès demain avec les patrons de Fertial.