Après le sit-in organisé il y a une semaine, les travailleurs contractuels de Fertial, une soixantaine, s'engagent de nouveau dans la protestation. Ils reviennent à la charge aujourd'hui avec la décision prise à l'unanimité d'interdire l'accès du complexe à José Maria Estruch, le PDG de l'entreprise, pour protester contre la poursuite du planning de mise au chômage des 117 travailleurs bénéficiaires de Contrat à durée déterminée (CDD) malgré leur dizaine d'années de service. C'est ce que nous avons appris auprès d'une vingtaine d'entre eux qui ont la charge de la sécurité de l'usine. « Nous avons frappé à toutes les portes pour faire entendre notre voix. Le sit-in que nous avons organisé lundi 16 mars n'a malheureusement donné aucun résultat. Aujourd'hui, nous avons décidé de fermer la porte de l'usine au PDG. Les maintes promesses à nos représentants syndicaux sont restées lettre morte. C'est une injustice caractérisée dont nous sommes victimes. Depuis plus de dix ans, la majorité d'entre nous a loyalement servi les Algériens du temps d'Asmidal et les Espagnols depuis qu'ils ont repris Fertial », nous dit en sanglotant l'un des protestataires. A travers leur action désespérée, ils veulent interpeller Abdelaziz Bouteflika car estimant que « c'est à lui qu'était revenu le dernier mot pour ‘‘avaliser'' la cession de Fertial au profit du groupe espagnol, du nom de son propriétaire Villar Mir. Cette reprise était une aubaine pour cet ex-puissant homme politique et très riche homme d'affaires car au moment de son rachat, la plus prospère des filiales du défunt groupe Asmidal jouissait d'une très bonne santé financière et d'une place de choix sur le très exigeant marché international des fertilisants », se sont écriés nos interlocuteurs. Ils exigent également des pouvoirs publics de dépêcher une commission d'enquête ministérielle pour mettre fin à tous ces dépassements dont sont coupables leurs responsables. Les engagements pris par Villar Mir lors de la signature des contrats, en août 2005, étaient pourtant fermes. En effet, dans le chapitre « employés » inclus dans chacun des trois contrats signés conjointement par le PDG du groupe Asmidal et son homologue hispanique, il était mentionné : « Jusqu'au dixième anniversaire de la date des présentes, Grupo Vilar Mir s'engage à ce que la société préserve le niveau général d'emploi existant à la date des présentes, sous réserve que la société ne sera pas tenue de recruter des remplaçants pour les employés décédés ou qui auront quitté leur emploi du fait de départ à la retraite, démission ou licenciement disciplinaire en conformité avec le droit algérien du travail. » Malheureusement, en fait de respect d'engagements, il n'en est rien. De 1300 travailleurs en poste au moment de la reprise de Fertial, l'effectif est aujourd'hui passé à 860 en 2009. Le partenaire espagnol semble être résolument décidé à « éradiquer » le mode CDD d'ici à 2010. A défaut d'une oreille attentive, les 117 travailleurs contractuels restants (ils étaient plus de 5000 en 2005), tous des pères de famille, risquent ainsi de se retrouver au chômage.