Des tracts ont été lâchés dans le secteur proche du fleuve Litani, situé à moins de 30 km de la frontière, invitant les villageois à abandonner leurs demeures et à prendre le chemin de la fuite, avant qu'ils ne soient incinérés sous des tonnes de bombes ou d'obus de l'infanterie sioniste. Refusant un cessez-le-feu, le gouvernement Olmert a en effet décidé de lancer à partir d'aujourd'hui une vaste incursion dans les territoires du Liban-Sud. Cette offensive terrestre, appelée «Changement de cap», que les Israéliens promettent «forte et efficace», sera appuyée par l'aviation et les forces navales. L'armée israélienne semble être décidée de réoccuper le sud du pays du Cèdre en rasant tout sur son chemin. Avant l'offensive israélienne, le 12 juillet, des dizaines de milliers de Libanais vivaient dans cette zone, loin d'une dizaine de kilomètres de la ville portuaire de Tyr. Depuis hier, il n'y a plus personne. C'est l'exode massif sous la peur de l'artillerie et des bombes israéliennes. Cependant, les guerriers du Hezbollah semblent bien prendre poste dans cette région montagneuse, puisqu'ils ont pu repousser jusque-là l'ensemble des incursions de l'infanterie israélienne. Mais la bataille ne vient que de commencer. Face à l'hyperpuissance militaire de l'ennemi, les quelques milliers de combattants du Hezbollah n'ont que leur détermination à défendre au mieux qu'ils peuvent leur patrie. Et la journée d'hier n'a pas été calme pour eux, puisque l'infanterie israélienne a opéré quatre incursions simultanées dans les secteurs occidental et central de la frontière avec le Liban. Les soldats israéliens ont été accueillis par des salves des guerriers du Hezbollah. Et des combats extrêmement violents avaient duré toute la journée. Trois soldats tués ont été signalés du côté israélien. Aussi, les combats entre le Hezbollah et les forces ennemies sont entrés hier dans leur troisième journée dans le secteur de Taïbé, Aadaissé et Kfar Kila (trois localités libanaises frontalières de la région dite Doigt de la Galilée). Dans un communiqué diffusé par la chaîne Al Manar et repris par Al Jazeera, le Hezbollah a affirmé avoir «blessé ou tué» 15 militaires israéliens, dans une embuscade à Aïta Al Chaab, sur la bande frontalière sud-est. L'armée israélienne n'a pas respecté la trêve de 48 heures qu'elle avait annoncée lundi dernier en menant hier des raids ponctuels au sud comme au nord du Liban. L'aviation israélienne a pris pour cible plusieurs localités du Liban-Sud et certaines plus au nord-est, vers la Békaa. D'autres raids ont été signalés dans l'est et le nord-est du Liban, le long de la frontière libano-syrienne. Les principales cibles de ces raids étaient les routes reliant les localités de Hermel et de Qaa, à la ville frontalière syrienne de Homs. Cette zone a été bombardée, pour rappel, six fois en deux jours. Pour prétexter les bombardements sur les routes vers la Syrie, l'armée israélienne a indiqué qu'elle cherche à empêcher des renforts en armes au Hezbollah. Ce qui est loin d'être vrai puisque les raids ont bien ciblé des camions de civils libanais se dirigeant vers la Syrie. Il faut souligner que les bombardements israéliens ont fait en 21 jours d'offensive quelque 820 morts et plus de 3200 blessés parmi les civils libanais.