La situation au sud-Liban est revenue avec fracas hier sur le devant de la scène internationale pour rappeler au monde qu'il ne sert à rien de se voiler la face et de faire du retrait israélien de cette région un fait établi et vérifié. De cela, en vérité, il n'en a jamais été question, et les plus hautes autorités libanaises pressées d'appliquer la fameuse résolution 1559 du Conseil de sécurité stipulant le désarmement des milices, en sont venues à affirmer que le Hezbollah, qui en est directement visé, est un mouvement de résistance à l'occupation par Israël d'une parcelle du territoire libanais. Et le statu quo ne pouvait durer éternellement, d'autant que les troupes israéliennes et les combattants du Hezbollah se font face de part et d'autre des fermes de Chabaâ, occupées par les premières. Une provocation, et c'est l'explosion. C'est ce qui est d'ailleurs arrivé hier quand deux civils libanais ont été tués et cinq autres blessés au Liban-Sud dans des bombardements israéliens, selon la police libanaise. Les deux civils ont été tués au cours d'un bombardement aérien israélien du pont de Kasmiyé, situé à l'embouchure du fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres de la frontière libano-israélienne, a ajouté la même source. L'artillerie et l'aviation israéliennes ont détruit trois ponts isolant le secteur occidental et la région de Sour, du reste du Liban-Sud. Les avions israéliens ont bombardé plusieurs localités du secteur oriental du Liban-Sud, a-t-on ajouté de même source. Les tirs d'artillerie ont accompagné les bombardements aériens qui ont visé les localités jouxtant les fermes de Chebaâ occupées par Israël depuis 1967. Un porte-parole militaire israélien a reconnu que « les avions, chars et l'artillerie israélienne opèrent au Liban ». Selon le porte-parole, cette offensive a été lancée à la suite de la capture de deux soldats par le Hezbollah à la frontière israélo-libanaise. En milieu d'après-midi, la résistance libanaise fera deux autres prisonniers et tuera trois soldats israéliens en attaquant leur patrouille au Sud-Liban.Cette capture spectaculaire, la première du genre depuis six ans, est survenue au cours d'un embrasement général à la frontière libano-israélienne. Le ministre israélien de la Défense Amir Peretz a confirmé la capture des soldats par le Hezbollah qui a annoncé, quant à lui, vouloir les échanger contre des détenus en Israël, sans préciser lesquels. Selon la police libanaise, les deux soldats ont été capturés en territoire libanais, dans la région de Aïta al Chaâb, proche de la frontière libano-israélienne, où une unité israélienne avait pénétré la matinée. L'opération du Hezbollah constitue un nouveau coup dur pour Israël, déjà empêtré depuis le 25 juin dans son agression contre la bande de Ghaza. Hier en milieu de journée, l'armée israélienne continuait des bombardements aériens et terrestres d'infrastructures au Liban-Sud et de positions du Hezbollah. La chasse, qui survolait intensivement, à basse et moyenne altitudes, les secteurs libanais jouxtant Israël, a bombardé trois ponts. L'artillerie israélienne a également tiré des dizaines d'obus sur les abords de plusieurs localités frontalières. Les bombardements des ponts ont isolé le secteur occidental, notamment la région de Sour (90 km au sud de Beyrouth), du reste du Liban-Sud. Tôt le matin, des dizaines de roquettes de type katioucha et d'obus de mortier tirés à partir du Liban se sont abattus sur la haute-Galilée dans le nord d'Israël faisant quatre blessés, selon une source militaire israélienne. En octobre 2000, le Hezbollah avait capturé trois soldats israéliens dans le secteur des fermes de Chebaâ. Leurs corps ont été échangés en janvier 2004 contre des détenus libanais et arabes en Israël, après une longue période de négociations indirectes. Trois Libanais, dont le doyen des détenus libanais Samir Kantar, sont toujours emprisonnés en Israël. Un signe évident que le conflit du Liban n'est pas terminé malgré l'avis d'Israël, et encore une fois de ses alliés.