Tout le monde l'aura remarqué. La hausse des prix n'est pas une fiction, n'est pas non plus une vue de l'esprit tordu des partisans du boycott et, d'une manière générale, contredit les discours sur les équilibres macroéconomiques maîtrisés. L'Office national des statistiques vient de rendre quelques notes, un peu malvenues en ces temps de fête. De février 2008 à février 2009, entre 10% et 40% d'augmentation ont été enregistrés sur les produits alimentaires et, surtout, avec une hausse de 18,8% pour les produits agricoles frais, ces fameux fruits et légumes locaux que l'Etat subventionne à hauteur de milliards. Il ne sert à rien de demander des explications au ministre de l'Agriculture, il n'a pas de réponse. Ou alors en forme de slogan puisque les mots sont supérieurs à toute forme de quantification. Pourquoi donner des chiffres puisque tout le monde est d'accord pour dire que la politique économique, industrielle et agricole de l'équipe en place est la meilleure ? S'il fallait chiffrer le slogan de la « sérénité retrouvée », on devrait donner le nombre de suicides, d'exilés légaux ou de harraga et d'internés psychiatriques. Et quand on parle de « millions de logements construits », il faudrait expliquer que maintenant que l'offre est supposée abondante, pourquoi les loyers ou le prix des appartements sont-ils toujours aussi inabordables ? Demander au ministre du logement ? Il n'a pas de réponse, tout comme le ministre de l'Agriculture. Mais s'ils travaillaient vraiment, ils pourraient alléger l'absurde fardeau du citoyen, qui met tout son salaire pour se loger et la moitié du même salaire pour manger. Oui, le ministre des Finances pourrait faire remarquer qu'avec un salaire, on ne peut pas dépenser une fois et demie son salaire. Mais franchement, en fin de mois, qui l'écoute vraiment ? Et qui écoute le ministre de l'Agriculture quand il va au marché ?