Sur les lieux, l'entrée clinquante, une dalle de sol et des escaliers en marbre, n'a pu cacher les innombrables anomalies dans la construction et laissent croire que la réalisation d'une telle structure n'a pas été conforme aux normes en la matière. Des couloirs extrêmement étroits au milieu desquels se trouvent les regards des égouts, des salles non aérées et privées de lumière, des toilettes tout le temps bouchées, surmontées de petites fenêtres qui donnent sur les couloirs et des enfants malades mêlés à des nouveaux-nés sains. Ghardaïa De notre envoyée spéciale Une promiscuité qui a eu pour conséquence la contamination des nourrissons qui ont contracté une branchiolite. Aucune salle d'isolement servant à mettre en quarantaine les enfants atteints de maladies contagieuses n'existe dans ce complexe. Tous les médecins avec lesquels nous nous sommes entretenus sur place ont dénoncé le transfert des 40 enfants du service pédiatrie du CHU de Ghardaïa vers cette structure qui, selon eux, ne répond pas aux normes en matière de prise en charge sanitaire. Les travaux d'extension et de réhabilitation de cette structure ont été réalisés sans leur avis, de même que le transfert des enfants vers le nouveau service, qui selon eux, s'est fait dans la précipitation, sur décision du directeur de la santé pour la wilaya de Ghardaïa. « Nous avons à plusieurs reprises écrit aux autorités concernées sur le non-respect des normes et l'incompatibilité de la structure avec l'activité, que ce soit de la pédiatrie ou de la maternité, parce que là aussi il y a de graves anomalies à relever, notamment au niveau du bloc opératoire. Non seulement, il est trop exigu, mais il ne possède ni accès ni sortie distincte. Ce qui augmente le risque de contracter des maladies nosocomiales. Nous avons émis des réserves sur cette réalisation, mais notre avis est resté sans suite… », déclare un médecin de pédiatrie. Cet avis est partagé par ses collègues qui, eux, se demandent pourquoi les 40 enfants qui étaient au CHU de Ghardaïa, dans une structure où ils avaient un espace pour jouer et de bonnes conditions d'hospitalisation, ont été transférés vers le complexe mère et enfant, pour être moins de trois mois plus tard évacués vers leur pavillon d'origine. « Nous avons toujours dit que la structure du complexe pose un problème de normes qui ne sont pas respectées. Des égouts en plein couloir dans un établissement de santé. Est-ce normal ? Les mauvaises odeurs rendent l'air irrespirable. Nous avons beau désinfecter, la situation est la même. Aujourd'hui, ils décident de transférer les enfants en attendant d'engager des travaux d'extension. Nous disons que le fond du problème est la structure elle-même. Elle n'est pas conforme aux normes. Comment se fait-il que les autorités ont pu autoriser son ouverture, alors que les anomalies sont criantes ? Est-ce que le bureau d'études qui a été choisi est habilité à faire ce genre d'étude ? », s'est interrogé un médecin de garde. Pour ce dernier, le complexe bâti sur deux étages ne pouvait être ouvert aux malades, du fait du lourd déficit en personnel paramédical et en agents d'hygiène. Contactée, la directrice du complexe s'est refusé à tout commentaire, estimant que les autorités ont décidé de fermer le service pédiatrie, à la suite de la visite des élus de l'APW. Après insistance, la directrice a fini par lâcher : « Cette fermeture va nous soulager, car la situation était très difficile à gérer. Pour la pédiatrie, les autorités ont décidé de faire une extension… » A propos des anomalies en matière de construction, la directrice a expliqué qu'elle a trouvé la structure telle qu'elle est aujourd'hui et que les rapports de l'équipe médicale ont tous été transmis à la hiérarchie. Pour sa part, le directeur de la santé de la wilaya de Ghardaïa est resté injoignable. Tous nos efforts pour prendre attache avec le responsable se sont avérés vains. « Le directeur est occupé », nous disait-on à chaque fois.