Comme chaque été, celui de cette année est chaud. Pas du fait de la météo seulement. L'ambiance des fêtes de mariage y a apporté ses flammes jusqu'à faire brûler azegzaw d'uquran (le vert et le sec) : on en a vu justement des vertes et des pas mûres. Tout bruissait, hommes et machines, routes et habitations. Si les concerts de klaxons ambiancent nos villes, la fête à grands décibels et le mariage à fond la caisse, eux, font des contrariés dans l'entourage qui ne se limite pas forcément aux voisins du quartier. Les baffles débitent des décibels à percer les tympans du plus loin des habitants des cités alentours. A 2 h, voire plus, le voisin d'à-côté se fond sous son oreiller en mordant sa paillasse et se ravalant en acceptant le supplice du voisin qu'il ne s'est plus s'il est en fête ou en furie. Dans quelques petites heures, l'homme devra pointer au travail les yeux cernés par manque de sommeil dont il cumulera le manque parce qu'un autre voisin sera en fête la nuit qui suit. Ces diffuseurs fous de son, autant que le disc-jockey qui va avec, ont tourné au maximum. Pour satisfaire la fougue intarissable des noceurs, autant aller au-delà de la limite horaire que la loi permet. «Tant que ceux censés nous l'interdire ne sont pas là», pourrait-on se dire entre deux déhanchements nocturnes. A Béjaïa, dans la vallée comme ailleurs, c'est fou comme tamaghra (la fête) a été à chaque coin de rue. Pratiquement chaque jour au grand bonheur des salles des fêtes qui ont fait le plein. Les cortèges de mariage se sont succédé ou croisés sur les routes et ce n'est pas fini, ce qui fait croire que les derniers célibataires endurcis on consenti enfin à sauter le pas. Les amateurs des conjectures vous diront que cette année, l'on s'est marié plus que l'année d'avant et que beaucoup parmi tout le monde en âge de se mettre une corde au cou l'a fait cet été. Ce qui reste juste une impression en l'absence de statistiques des services de l'état civil où, faut-il le noter, l'organisation d'une fête est soumise au paiement préalable d'un droit et où aussi l'on oublie apparemment d'expliquer les limites d'un abus de droit qui commence quand commence le tapage nocturne.