Rien ne va plus sur le terrain de la campagne électorale. Trois candidats menacent de quitter la course tant que les dépassements continuent de marquer le déroulement de la campagne. Les représentants des candidats Djahid Younsi, Mohand Oussaïd Belaïd et Fawzi Rebaïne, dans la Commission politique nationale de surveillance des élections (CPNSEP), ont animé, hier, une conférence de presse conjointe au siège du parti Ahd 54 pour dénoncer « les dépassements » en faveur du président candidat et se disent capables de quitter la compétition électorale.« Toutes les probabilités sont à envisager, même le retrait de la course électorale, nous avons le courage qu'il faut pour prendre les mesures que nous jugerons adéquates, et tout est possible d'ici le 9 avril », indique Mohamed Seddiki, représentant du candidat Ali Fawzi Rebaïne. Et à Rachid Lourari, représentant de Mohand Oussaïd, d'annoncer : « Si les irrégularités continuent, nous prendrons des décisions importantes que nous rendrons publiques au moment opportun. » Ainsi, cette campagne électorale qui avait pris un rythme de mollesse et de nonchalance, risque de faire parler d'elle. Irions-nous vers le scénario de 1999 où six candidats sur sept ont dû se retirer à la dernière heure de la compétition ? A en croire les trois représentants des candidats, « tout est possible ». Rachid Lourari estime, pour sa part, que « la commission politique pour la surveillance des élections a atteint une situation de blocage, et son président joue à gagner du temps. A chaque fois que nous faisons état des dépassements au président de cette commission pour qu'il réagisse, il se contente de nous dire Allah Ghaleb », souligne le représentant de Mohand Oussaïd qui a noté que la Commission de surveillance s'est transformée en « un comité de soutien » pour le président candidat. Les conférenciers ont indiqué que toutes les voies de recours à l'intérieur de la commission ont été utilisées mais en vain. « Depuis son installation, nous n'avons pas cessé de dénoncer les dépassements, en prenant le soin de faire signer les procès-verbaux par le coordinateur lui-même mais toutes nos plaintes sont restées lettre morte et prisonnières des tiroirs de la commission », indiquent les représentants de Younsi, Mohand Oussaïd et Rebaïne. Avant de penser à organiser la conférence de presse conjointe, les représentants des candidats avaient décidé d'interpeller le Premier ministre en tant que président de la Commission nationale de préparation des élections, et ce, avec l'accord de tous les membres de la commission dont Mohamed Teguia. « Mais 48h après, nous n'avons reçu aucune réponse. Nous avons alors décidé de recourir au président de la République, mais certains représentants de partis se sont rétractés. Nous nous trouvons donc devant des choix à prendre », soulignent les représentants des trois candidats. Rebaïne n'a toujours pas perçu ses subventions Enumérant les dépassements enregistrés lors de cette campagne, Rachid Lourari indique que « même la désignation de la commission de surveillance n'obéit pas à la réglementation en vigueur ». Les candidats adversaires de Bouteflika souffrent, entre autres entraves, de l'indisponibilité de salles pour tenir leurs meetings et surtout du non-respect des critères d'affichage. Pis encore, le candidat Ali Fawzi Rebaïne n'a toujours pas perçu les subventions de l'Etat destinées au financement de sa campagne qui sont de l'ordre de 1,5 milliard de centimes. Le représentant de Djahid Younsi, Abdeselam Kessal note, lui, « l'absence répétée des représentants de candidats et partis aux réunions de la commission de surveillance, ce qui entrave le bon déroulement du travail », dit-il. Rachid Lourari dénonce aussi « la consécration des moyens publics en faveur du candidat président » et « l'utilisation de la campagne électorale à des fins commerciales ». Le même représentant s'élève aussi contre le « bouclage » de certaines villes en y interdisant tout accès lorsque le président candidat s'y trouve. Les animateurs de la conférence de presse ont par ailleurs critiqué les propos du président de la CPNSEP, Mohamed Teguia, pour avoir menacé de poursuite les journalistes qui qualifieraient un des candidats de « lièvre ». « Il faut savoir que Teguia a fait ses déclarations à la presse en totale violation du règlement intérieur de la commission puisqu'il n'a pas consulté les membres de la CPNSEP. Le règlement stipule que le coordinateur qui est le porte-parole de la commission, doit consulter les membres de ladite commission avant d'émettre une déclaration. Toute déclaration du coordinateur doit être soumise à l'accord des membres de la commission », indique Abdesselam Kessal, représentant de Djahid Younsi. Et à Mohamed Seddiki, représentant de Fawzi Rebaïne de dire : « La presse est libre de nous qualifier de lièvres et de critiquer. Au lieu de menacer la presse, Teguia ferait mieux de s'occuper des problèmes sérieux qui entravent la campagne des candidats. »