Si pour le staff du président sortant, « la course » s'est déroulée dans de bonnes conditions, les cinq autres candidats ne l'ont pas vécu de cette manière puisqu'ils n'ont pas cessé de dénoncer, durant trois semaines, les « dépassements » en faveur du candidat Bouteflika. Pis, des représentants de trois postulants : Djahid Younsi, Mohand Oussaïd Belaïd et Fawzi Rebaïne ont même menacé d'abandonner la partie, tant les cas d'irrégularités étaient flagrants. Moussa Touati et Louisa Hanoune ont, pour leur part, crié leur colère et affiché leur mécontentement face au parti pris de l'administration et à l'absence d'un organisme neutre chargé d'interpeller et de sanctionner les dépassements. Les cinq ont vivement critiqué la position et la mission de la Commission politique nationale de surveillance des élections (CPNSEP) qui n'a malheureusement pas réussi à s'imposer en tant que machine de surveillance. Ce qui a d'ailleurs amené Mohand Oussaïd Belaïd à la qualifier d'un énième comité de soutien pour le président sortant. Pourtant, des réunions marathons ont été tenues par ses 24 membres qui ont à chaque fois exposé les doléances. En vain, M. Teguia, coordonnateur de la commission, a clairement avoué son incapacité à gérer les situations complexes. A l'exception du représentant de Bouteflika, les autres ont estimé que la commission a atteint une situation de blocage et que son président a été désigné pour occuper un poste de figurant. « Depuis son installation, nous n'avons pas cessé de dénoncer les dépassements, en prenant le soin de faire signer les procès-verbaux par le coordinateur lui-même, mais toutes nos plaintes sont restées lettre morte et prisonnières des tiroirs de la commission », indiquent les représentants de Younsi. Pourquoi alors la création d'une commission si son président a les mains liées ? « Nous avons demandé à M.Teguia d'intervenir pour mettre fin à l'affichage sauvage, il nous a suggéré, en guise de réponse, de recourir au même subterfuge. C'est une campagne électorale où l'éthique politique et l'équité étaient carrément absentes », ont fait remarquer les représentants des cinq candidats, qui disent avoir puisé toutes les voies de recours à l'intérieur de la commission. Depuis l'installation de la commission, les cinq ont énumérés toutes les entraves et dépassements, à savoir l'affichage sauvage et le silence de l'administration, ce qui est contraire aux dispositions de l'article 17 du code électoral. L'article 179 du même texte, qui interdit l'utilisation des biens et des moyens publics par les candidats, a aussi été cité comme exemple de ces dépassements. La paralysie des villes où Bouteflika devait organiser des meetings, une machine administrative au service du candidat sortant, et l'absence d'éthique quant au passage à l'ENTV et l'amputation des passages de certains candidats et leur remplacement par d'autres, et ce, en prenant le soin de faire signer les procès-verbaux par le coordinateur lui-même, mais toutes leurs plaintes sont restées vaines et oubliées dans les tiroirs de la commission. Les représentants des candidats avaient interpellé le Premier ministre en tant que président de la Commission nationale de préparation des élections, et ce, avec l'accord de tous les membres de la commission dont Mohamed Teguia. Mais ils n'ont reçu aucune réponse. Les candidats ont même pensé saisir le président de la République, mais se sont rétractés par la suite. Par ailleurs, M. Teguia a promis de mettre au propre toutes les plaintes des candidats et d'élaborer un rapport qui sera rendu public après le 9 avril. Attendons le 9 avril ?!