Le face-à-face citoyen-guichetier prend souvent les contours d'un antagonisme où le premier fait valoir un droit civique, et le second sa prépondérance en qualité de détenteur des griffes municipales. à armes inégales, le duel est souvent gagné par le second. La chose est vérifiable quand le demandeur d'un document à l'Etat civil est contraint de tout subir pour pouvoir repartir avec le document indispensable afin de le verser à une autre administration où il faudra, peut-être, entamer un autre parcours du combattant. L'établissement d'un simple certificat de naissance, l'acte que nous demandons sûrement le plus, tend à devenir un véritable casse-tête. Les usagers de l'antenne communale de Sidi Ahmed, dans la ville de Béjaïa, un exemple parmi tant d'autres, auront vérifié le désagrément qui en résulte. Le lieu est un semblant d'antenne auquel d'ailleurs la «cahute» municipale de Sidi Ouali n'a pas grand chose à envier ; elle qui accueille les administrés dans l'exiguïté d'un goulot. Rien de plus méprisant pour l'homme. Ou plutôt si, à Sidi Ahmed. Sur le visage du seul préposé au guichet ce jour-là, mardi dernier, pas une trace d'obligeance. Et dans ses propos, point d'amabilité. C'est le mal d'ailleurs de la majorité de nos fonctionnaires. Cette jeune fille, qui vient récupérer le document qu'elle a commandé la veille, ravale sa fierté, au milieu de regards médusés, devant la rafale verbale injurieuse du guichetier qui lui crie à la face qu'elle ment. «J'avais dit à tout le monde, ce jour-là, qu'il fallait revenir demain à 15 h 30, pas aujourd'hui.» Ainsi, à Béjaïa, il faut trois jours pour disposer d'un extrait de naissance. Voilà le «mobile» d'une «engueulade» décochée sous le toit de la représentation d'une assemblée élue sensée veiller au respect du citoyen. Cette jeune fille a fait l'erreur de ne pas tenir compte du conseil de ce philosophe qui a dit qu'«on ne doit pas accorder sa confiance à quelqu'un qui ne sourit jamais».