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Tamazight au Zénith
Idir et Mohammed Saadi. Paroles croisées
Publié dans El Watan le 02 - 04 - 2009

A partir de l'hommage à Kamel Hamadi, demain, au Zénith de Paris*, le chanteur et le PDG de Berbère TV s'expriment sur la culture, le patrimoine et la télévision.
Quelle signification revêt pour vous ce grand concert ?
M. Saadi : Lors d'un déjeuner entre Kamel Hamadi et Idir, il y a quelques mois, ce dernier a souligné la nécessité de rendre hommage à la génération des anciens pour entretenir leur mémoire et, aussi, la transmettre aux plus jeunes. Or, Hamadi est certainement de ceux à qui l'on pouvait penser pour un hommage qui réunirait berbères, non berbères et jeunes de France pour célébrer ces anciennes gloires et continuer à les projeter dans l'avenir. Si bien que sur la scène du Zénith, on retrouvera autant la jeune génération de chanteurs avec Mohamed Allaoua, Kenza Farah, Rym K. du 113, Sinik, Core Belek et bien d'autres… Et puis les valeurs affirmées du répertoire algérien, à savoir Idir, Djamel Allam, Aït Menguellat, Karima, Takfarinas, Malika Domrane, Ferhat Mehenni, Akli D. et bien sûr Kamel Hamadi lui-même.
Idir : J'ai considéré que pour moi, le moment était venu de payer ma dette aux anciens et, plus particulièrement, à Kamel Hamadi qui m'a beaucoup apporté à mes débuts. Aussi, il était naturel que je lui restitue en quelque sorte l'héritage qu'il m'a légué en lui rendant cet hommage au Zénith, entouré de la fine fleur de la chanson kabyle.
Comment expliquez-vous l'engouement de plus en plus important chaque année des artistes kabyles à ce genre de concert ?
M. Saadi : Du côté de Berbère TV, nous avons déjà fait le Zénith, le 24 janvier dernier, avec le jeune Mohamed Allaoua et la salle de 6300 places avait déjà fait le plein une semaine avant le spectacle, ce qui est très rare de nos jours. Pour ce concert, nous sommes quasiment assurés de faire salle comble. Le public présent est très mélangé, composé à la fois de jeunes et de moins jeunes, ce qui permet de fédérer les générations, et c'est là notre objectif principal. En général, ils viennent rechercher le plaisir et l'émotion procurés par leurs artistes. Côté organisation, nous veillons surtout à mettre les artistes dans les meilleures conditions possibles « d'exposition », à savoir une sonorisation de qualité, des jeux de lumière, la vidéo et les écrans géants, etc. Et l'on sait que lorsque le public est satisfait, il revient.
Idir : Nous sommes en quelque sorte orphelins de culture. Aussi lorsqu'une initiative permet de se retrouver « en famille », de faire connaître et reconnaître certains talents, comme par exemple les jeunes Allilou, Ali Amrane ou Mohamed Allaoua, et de les mettre en interface avec nos aînés, c'est une occasion à ne pas manquer.
Après dix années, comment se porte Berbère TV ? Dispose-t-on de chiffres mesurant son impact de part et d'autre de la Méditerranée ?
M. Saadi : A Berbère TV, nous ne disposons pas de mesure d'audience aussi sophistiquée que celle de Médiamétrie. Mais, en contrepartie, nous recensons quotidiennement des milliers d'appels téléphoniques ou de SMS venant d'Algérie, d'Afrique du Nord et de France où nous comptons 35000 foyers abonnés. La chaîne est reçue chaque jour par satellite de seize heures à minuit. Bonne nouvelle : nous avons lancé depuis janvier 2009 deux nouvelles chaînes : Berbère Jeunesse et Berbère Musique. Quant au bouquet Berbère TV, autrement dit les trois chaînes, il est repris par l'opérateur Orange, leader sur le marché français de la télévision reçue par l'ADSL. Dans les mois qui viennent, ces deux nouvelles chaînes vont intégrer les autres opérateurs et le satellite. Je tiens à souligner que notre financement est totalement privé. Il résulte de la combinaison entre l'apport des annonceurs et celui des abonnés que je remercie tous au passage. Le complément est assuré par mes fonds propres (Mohamed Saadi est un expert comptable de renom à Paris, voire en Europe. Spécialisé dans l'audiovisuel, le cinéma, la musique et le théâtre, il compte parmi ses clients des célébrités qui vont de Guy Bedos à Djamel Debbouze en passant par Laurent Baffie ou Jean-Marie Bigard ndlr.)
Comment accueillez-vous la récente naissance en Algérie de la chaîne nationale en tamazight ?
M. Saadi : Concernant la nouvelle chaîne algérienne en tamazight, je puis vous affirmer que si elle avait été lancée il y a dix ans, je n'aurais pas créé Berbère TV. En fin de compte, celle-ci a joué le rôle d'une chaîne publique, en se substituant aux obligations de « service public » de l'Etat algérien. Je me félicite donc de ce lancement. J'aurais simplement la satisfaction d'avoir eu raison dix ans plus tôt. Berbère TV correspond à une demande légitime de millions de personnes en Algérie, au Maroc ou en France, frustrées de ne pouvoir entendre et voir s'exprimer leurs langues et cultures. J'ai par exemple souffert personnellement de ne pouvoir voir sur une chaîne algérienne Aït Menguellet, Slimane Azem ou Mouloud Mammeri.
Idir : Une nouvelle chaîne en berbère est toujours la bienvenue car elle permettra un éventail plus large de programmes pour le téléspectateur. On disposera ainsi d'une chaîne différente qui viendra enrichir et diversifier le paysage audiovisuel en tamazight. Reste maintenant à apprécier le contenu des programmes qu'offrira cette chaîne. Si elle prolonge le sillon ouvert par Berbère TV depuis 10 ans, cela sera déjà pas mal.
Tamazight, devenue constitutionnellement langue nationale, la création du Haut Conseil à l'Amazighité, le festival annuel du film, et le lancement de la chaîne en tamazight constituent-ils, à vos yeux, des avancées notables pour la reconnaissance de l'identité berbère du peuple algérien ? Ou bien sommes-nous encore loin d'une reconnaissance pleine et entière ?
M. Saadi : Toutes ces grandes décisions et actions s'inscrivent et répondent à des besoins légitimes pour ancrer dans son passé, dans l'âme du pays, au plus profond des siècles, la mémoire algérienne. Pour ma part, je ne me féliciterai de l'action publique que le jour où je constaterai que ma langue — qui vient de la nuit des temps — est protégée définitivement et pour les siècles à venir par son enseignement obligatoire dans toutes les écoles d'Algérie. De même pour la célébration du nouvel an berbère, pour lequel je souhaite un jour férié et chômé pour tous les citoyens d'Algérie. C'est à ce prix là, et à ce prix là seulement, qu'on pourra parler d'une reconnaissance officielle de la langue amazighe.
Idir : Bien sûr que ce sont des avancées notables. Rappelons-nous qu'il y a quelques années nous en étions loin… Mais il est regrettable que ce soit plus le fait d'un combat politique, alors que la culture berbère est naturellement algérienne depuis la nuit des temps. Il est incongru de me donner une nationalité et un passeport tout en empêchant la reconnaissance de ma langue. Et, en fin de compte, n'appartient-il pas aux autres de fournir la preuve de leur identité ?
Votre tout récent album fait appel à de nombreux croisements d'artistes et d'influences musicales. Evolution du moment ? Air du temps ? Ou bien Idir serait-il en train de s'internationaliser dans les contenus et les couleurs musicales ?
Idir : C'est plus une volonté et une évolution personnelle qui ont dicté ces choix éditoriaux et pas du tout l'air du temps. Je n'ai fait que quatre albums en trente ans. De plus, tout en étant Algérien de nationalité, il m'a paru nécessaire de donner un reflet aussi fidèle que possible de la société française d'aujourd'hui dans laquelle je vis. Ne pas vous produire en Algérie, n'est-ce-pas pénaliser votre public sur le sol national ?
Idir : C'est d'abord moi-même qui suis pénalisé de ne pouvoir me produire devant mes compatriotes sur le sol national. Le temps viendra où ces faux obstacles seront définitivement levés de manière à ce que je puisse enfin retrouver ce lien indéfectible qui me relie au public de mon pays.
*M.M.* : (Bureau de Paris)Plusieurs dizaines d'artistes algériens, réunis pour le 29e anniversaire du Printemps berbère, rendront hommage, ce vendredi 3 avril, à partir de 20 h, au Zénith de Paris, à Kamel Hamadi, artisan et « mémoire » incontournable de la chanson algérienne (kabyle, chaâbie, moderne…), né en 1936 à Tassaft Ouagurmound (Tizi Ouzou) et dont le répertoire compte près de mille œuvres.


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