L'une des icônes de la chanson kabyle, Kamel Hamadi sera dès le 3 avril prochain sur la mythique scène du Zénith à Paris. Le chanteur qui a propulsé de grands noms de la chanson kabyle à l'image de Lounis Ait Menguelet, de Nouara animera un concert exceptionnel qui réunira trois générations de la chanson algérienne de l'émigration. Cherif Kheddam, Akli Yahiatene, Taleb Rabah, Idir, Lounis Aït-Menguellet, Djamel Allam, Takfarinas, Ferhat, Lounès Kheloui, Malika Domrane, Akli D., Rim-K et Kenza Farah, pour ne citer qu'eux, se sont produits en hommage à l'auteur, compositeur et interprète Kamel Hamadi, compagnon de route des trois premiers, illustre aîné pour les autres.Aux côtés de Slimane Azem (1918-1983), de El-Hadj El-Anka, Boudjemaa El-Ankis, Fadela Dziriya (1917-1970), Hnifa (1924-1981), Salah Saâdaoui, Aït-Menguellet, Nouara, les chebs Khaled et Mami, sans oublier l'artiste Noura, sa compagne dans la vie, Kamel Hamadi est considéré de la veine de artistes racés. Ces chansons figurent d'ailleurs depuis plus d'un demi-siècle au répertoire d'un très grand nombre de têtes d'affiche de la scène musicale. Né en 1936 à Aït-Daoud en Kabylie.De son vrai nom Larbi Zeggane, Kamel Hamadi n'a que quatorze ans lorsqu'il part travailler à Alger où il fréquente les milieux du chaâbi alors en vogue dans la capitale. Son itinéraire ressemble curieusement à celui de la quasi totalité des artistes de chez nous à l'image de El Hasnaoui, El Anka etc…Deux ans plus tard, une rencontre en particulier sera décisive, celle de Boualem Rabia qui l'encourage sur la voie de l'écriture. L'année suivante, Kamal Hamadi fait ses premiers pas à Radio Alger. Pour sa première opérette, l'artiste dit s'être choisi un nom de scène inspiré de deux vedettes de la scène égyptienne des années 50 : Kamel Chennaoui et Imad Hamdi. Lorsque la presse dans son compte rendu parle d'un certain Kamel Hamadi, le nom restera. Sa première chanson, en arabe dialectal est interprétée par Abdelkader Fethi. D'autres chansons suivront, en arabe comme en kabyle, qui feront de lui un parolier recherché. Sous sa plume naîtront ainsi plus de mille chansons, mais aussi des opérettes et des pièces de théâtre, qu'il présente vingt ans durant sur les ondes de Radio Alger. S'il a beaucoup écrit pour les autres, il a relativement peu chanté lui-même. L'an dernier, Kamel Hamadi a été fait chevalier de la Légion d'honneur par le président français Nicolas Sarkozy pour ses 54 ans d'activités artistiques. En 1954, Larbi Zeggane endosse le nom d'artiste de Kamal Hamadi pour échapper à la colère familiale, troque définitivement son ciseau contre une plume et devient un subtil ciseleur de vers et un brodeur de mélodies accompli.C'est ainsi qu'il taille depuis un demi-siècle, des œuvres sur mesure pour les plus grands interprètes de la chanson kabyle et maghrébine, parmi lesquels figurent, l'illustre Mhamed El Anka, Hanifa, Aït Menguellet, Atmani, Karima, Smaïl Ahmed, Khaled, Mami et Noura, son épouse, "première star algérienne, avec Slimane Azem, de l'industrie musicale française" couronnée d'un disque d'or en 1970. Très tôt " prisonnier de la magie du cinéma égyptien " Kamal Hamadi n'a pu résister à la tentation de devenir chanteur. En octobre 1959, il embrasse donc une carrière d'interprète et enregistre à Paris, pour le compte des éditions Tepaz, quelques titres de sa composition dont yid-em yid-em et lheq n rekba, plébiscités par le public. Mais le jeune homme se sait, avant tout, né pour écrire. De la puissante verve du poète jailliront deux mille œuvres ; des chansons, des pièces de théâtre, des opérettes, qu'il présente vingt ans durant à la radio où il s'impose comme un élément essentiel. Dans la vie artistique algéroise des années 50-60, influencée par une tradition musicale d'expression arabophone malgré la présence d'une communauté kabyle dominante - le jeune homme, fier de son identité berbère, a su faire entendre sa langue maternelle, composant en kabyle pour les grands maîtres de la chanson algéroise. Il puise son inspiration dans les préoccupations sociales quotidiennes de son peuple, incite notamment à la sauvegarde de l'héritage séculaire des ancêtres, aborde le sempiternel et douloureux thème de l'exil sans pour autant négliger des sujets plus joyeux et pétillants dont la légèreté n'aura pour seul but que de plaire et de distraire. Par Rachida Couri