Salafiste pur et dur, ayant exprimé son rejet de toute politique de réconciliation ou de dialogue, Benhadj a été vite isolé par les responsables du parti dissous revenus d'exil et après avoir été «blanchis» par les autorités dans le cadre de la charte pour la paix. Situation qu'il a très mal digérée sans pour autant le faire reculer d'un iota dans ses prises de positions virulentes et parfois violentes, en dépit des dispositions de la charte pour la paix qui interdisent aux responsables du parti dissous toute activité ou déclaration politique. La «disparition» subite et énigmatique de son fils Abdel Qahar, le 1er octobre à l'aube, aux alentours de la mosquée de Kouba, lui a offert un prétexte pour rebondir et chercher à occuper les espaces médiatiques nationaux et internationaux. Il a laissé planer le doute en affirmant ne pas être sûr s'il s'agissait «d'un enlèvement» ou «d'une disparition», en affirmant à la presse : «Nous avons cherché dans tous les hôpitaux et les commissariats de police et nous avons enquêté dans tous les lieux où il aurait pu se rendre, sans parvenir à éclaircir le mystère de cette disparition». Pourtant, son entourage veut plutôt accréditer la thèse de «l'enlèvement». Dans une déclaration faite samedi passé à la chaîne qatarie Al Jazeera, Ali Benhadj a accusé ouvertement les services de sécurité d'avoir organisé l'enlèvement. Pourtant, cette thèse vient d'être battue en brèche par un autre scénario. Citant des informations recoupées, deux journaux ont annoncé que le fils de Ali Benhadj a rejoint le maquis du GSPC. «Des éléments islamistes de la région de Boumerdès ont avisé la famille Benhadj que son fils Abdel Qahar a rejoint un groupe local du GSPC et qu'il est actuellement au maquis», ont écrit les journaux. Pour l'instant, aucune autorité officielle n'a réagi à cette information. Néanmoins, cette dernière a provoqué un véritable séisme au sein de la mouvance de Ali Benhadj. Si elle venait à être confirmée, cela portera un sérieux coup à l'aura du n°2 du parti dissous, lui qui, pendant des années, chauffait les jeunes à blanc, pour les inciter à rejoindre les maquis terroristes et à tuer d'autres Algériens. De la décennie rouge que le pays a traversée, Ali Benhadj avait une grande responsabilité. N'est-ce pas lui qui avait écrit cette fameuse lettre à Cherif Gousmi, alors chef du GIA, lui demandant de ne jamais se rendre, de multiplier les opérations criminelles et de renforcer le djihad contre l'Etat républicain. Il avait même transmis à l'organisation de Gousmi un véritable mode d'emploi pour réussir la guérilla intégriste. Aujourd'hui, Ali Benhadj découvre que cette idéologie violente qu'il a tant prônée a fini peut-être par emporter son fils, ce qu'il a de plus cher. Comme l'ont été, avant lui, des milliers d'Algériens.