Ali Benhadj, ancien numéro deux du parti dissous, a reçu lundi dernier un message de son fils, porté disparu depuis le 5 octobre 2006. Le message est très fort et met fin à toute spéculation autour du sort de Abdelkahar, âgé de 20 ans. Ce dernier était au milieu d'un groupe de terroristes du GSPC, sur un enregistrement vidéo diffusé lundi dernier par la chaîne qatarie Al Jazeera. Exhibant une kalachnikov au milieu de quatre terroristes armés de fusils mitrailleurs, Abdelkahar est apparu à visage découvert pour expliquer le pourquoi de son ralliement à Al Qaïda pour le Maghreb. Il déclare dans une brève intervention sous le pseudonyme de Mouaouiya avoir rejoint l'organisation terroriste dans « le but de participer à l'instauration de la charia ». Il lance par la même occasion un appel aux jeunes pour qu'ils suivent cette voie, avant que deux autres terroristes marocains ne s'expriment, eux aussi, à visage découvert devant la caméra. Fin de la polémique L'un d'eux, se présentant sous le nom de Abou Abderrahmane Al Maghribi, s'attaque avec virulence au roi Mohammed VI, et à son défunt père Hassan II, avant de dénoncer les conditions de détention dans les prisons marocaines, dont celle de Salé, à Rabat. Les compagnons du fils de Ali Benhadj ont eux aussi appelé leurs compatriotes à rejoindre les maquis du GSPC, mais en Algérie. Abondant dans le même sens, un autre terroriste, dit Khatab Al Maghribi, s'exprimant avec un accent marocain, fait l'apologie de l'organisation criminelle, avant que la caméra ne fixe un groupe d'éléments du GSPC, présentés (pour certains) avec leurs pseudonymes, Abou Houraïra Tlemçani, Abou Al Oualid Al Asimi, comme appartenant à la phalange Ghouraba. Les images montrées par Al Jazeera font état également de l'attentat à la voiture piégée contre une brigade de gendarmerie à Si Mustapha, wilaya de Boumerdès, les dégâts qu'il a occasionnés, une embuscade contre un convoi de militaires à Keddara qui aurait, selon l'orateur, fait 4 morts et une opération d'évacuation des terroristes blessés. La caméra a également montré des images du campement de la phalange Al Ghouraba, un endroit fortement boisé, se trouvant dans une montagne, probablement la région de Boumerdès, où activerait le fils de Ali Benhadj. Ainsi, le GSPC, à travers la diffusion de ce enregistrement vidéo, vient de mettre un terme définitivement à la polémique autour du sort de Abdelkahar, fils du numéro deux du parti dissous. Il y a quelques mois, El Watan avait fait état de la reddition du compagnon d'aventure de Abdelkahar, et fils de quartier, avec armes et bagages aux forces de sécurité. Après avoir remis son pistolet automatique, il a révélé au détail près son « histoire » avec le fils de Ali Benhadj et son voyage en enfer chez les terroristes du GSPC activant dans la zone de Boumerdès. Cette reddition a été décidée, selon ses dires, à la suite de sa convocation par l'émir de la zone pour des raisons qu'il a déclaré ignorer. Pris de panique, il a pris la fuite en profitant d'un moment d'inattention des terroristes qui assuraient la surveillance du campement. La suspicion Son témoignage sur les conditions de son séjour au maquis, les différents déplacements d'une zone à une autre, les restrictions en matière de contact avec l'extérieur et la difficulté de trouver des refuges sûrs auxquelles les terroristes sont soumis sont qualifiés d'enfer par le repenti. Il a également révélé les circonstances dans lesquelles lui et le fils de Ali Benhadj ont décidé de prendre le chemin du maquis, après la prière de l'aube, le 5 octobre 2006. Le numéro 2 du parti dissous a, au début, refusé catégoriquement cette thèse, préférant semer le doute, en accusant les « services de l'Etat » d'être responsables du sort de Abdelkahar. Ce dernier avait eu une violente altercation verbale avec les policiers lors d'une manifestation contre les caricatures offensant le Prophète devant l'ambassade du Vatican, à Notre-Dame d'Afrique à Alger. Le fils de Ali Benhadj a mal réagi lorsque les agents de la sûreté nationale ont confisqué les banderoles et embarqué son père. L'incident, qui avait eu lieu quelques jours seulement avant « la disparition », est à chaque fois rappelé par Ali Benhadj aux journalistes étrangers qui l'ont sollicité. Il a déposé plainte pour « disparition », mais n'a parlé que d'enlèvement pour mieux susciter la suspicion. Il a d'ailleurs réagi avec virulence à l'annonce par un journal de la nouvelle, selon laquelle Abdelkahar a rejoint les maquis de Boumerdès. Le démenti est rapidement publié dans certains journaux arabophones, mais ses déclarations sont devenues de plus en plus timides. Au fond, Ali Benhadj savait que son fils s'était enrôlé dans les rangs du GSPC à Boumerdès, mais il ne pouvait assumer publiquement cette décision. Malgré les images accablantes diffusées par Al Jazeera lundi dernier, Ali Benhadj a continué à semer le doute en affirmant sur les colonnes d'Al Khabar qu'il continue à chercher son fils et qu'il n'a pas encore vérifié s'il s'agit d'images réelles ou non. Mieux, l'ancien numéro 2 du parti dissous est allé jusqu'à déclarer : « Si mon fils est au maquis, qui l'a recruté et qui l'a accompagné jusqu'à cet endroit ? » Ali Benhadj veut cacher le soleil avec un tamis. Mais qui croira à ses propos ?