Cette chaleur exceptionnelle au milieu d'une saison automnale, connue beaucoup plus pour sa fraîcheur et sa pluviosité, est due «au renforcement d'une zone de hautes valeurs tropicales allant du Tchad vers le Nord algérien jusqu'au nord de l'Angleterre», a expliqué hier Boualem Khelif, chef du service des prévisions à l'Office national de la météorologie (ONM). Elle est aussi, ajoutera-t-il, le résultat d'un creusement d'une zone dépressionnaire en provenance de l'Atlantique et qui a stationné au sud du Maroc. Un courant venu du Sud, chaud et sec, s'est établi entre ces deux zones, touchant ainsi l'ensemble des régions algériennes, a-t-il encore précisé. Cette montée d'air chaud, qui a touché non seulement les côtes algériennes mais aussi celles du sud de l'Europe, a fait que les températures soient plus élevées que d'habitude. La vague de chaleur a commencé, cependant, à s'atténuer depuis hier. Selon les prévisions de l'ONM, la baisse progressive des températures se poursuivra encore aujourd'hui et demain au Centre et à l'Est pour se stabiliser au tour de la moyenne saisonnière (24-25 degrés). Les régions de l'Ouest, quant à elles, ont déjà renoué avec le climat automnal avec des chutes de pluies durant la journée de vendredi dans la région de la Saoura, entraînant ainsi une baisse sensible des températures maximales. Ces perturbations climatiques enregistrées durant la saison automnale et qui ont concerné également le sud de l'Europe, reposent la problématique du réchauffement de la planète. Depuis des années, l'on constate un dérèglement climatique caractérisé par des vagues de chaleur anormale en automne et des pluies, diluviennes parfois, en été. Pollution Cette situation qui perdure a fait dire à des spécialistes en la matière qu'il ne reste plus de saisons sur la Terre. Mais pourquoi la planète se réchauffe-t-elle? Les spécialistes en climatologie expliquent le phénomène du réchauffement de la Terre par l'augmentation du gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Autrement dit, ce phénomène résulte de l'importante augmentation des émissions de gaz carbonique ou dioxyde de carbone (CO2), du méthane (CH4), des halocarbures (HFC et PFC), du protoxyde d'azote ou oxyde nitreux (N2O), de l'hexafluorure de soufre (SF6). Au moins 24 milliards de tonnes de dioxyde de carbone sont émis dans l'atmosphère chaque année. Le gaz carbonique provient essentiellement de la combustion des énergies fossiles et de la déforestation. Les principales sources du gaz à effet de serre se sont développées, ces vingt dernières années à travers l'ensemble de la planète, comme l'élevage des ruminants, les décharges d'ordures ménagères, les exploitations pétrolières et gazières, l'utilisation des engrais azotés et de certains procédés chimiques. Mais d'après les spécialistes, ce qui a aggravé la situation est la diminution significative et impressionnante de l'espace forestier, ravagé par l'homme. C'est ainsi que les niveaux en CO² (gaz carbonique) ont augmenté d'un tiers par rapport à il y a 250 ans. Les pays industrialisés, premiers responsables des changements climatiques, sont vivement interpellés par des organisations de protection de l'environnement à même d'agir pour atténuer un tant soi peu les dégâts. Selon une étude de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la réduction du gaz à effet de serre contribuera inéluctablement à l'amélioration du climat et de la santé de la planète toute entière. Selon une autre étude européenne récente, la pollution de l'air est responsable de 6% des décès et tue donc bien plus que les accidents de la circulation. L'action commune en vue de stopper la pollution de la planète ont bien commencé depuis le début des années 1990. Le sommet de la Terre, à Rio en 1992, a marqué la prise de conscience internationale du risque de changement climatique. Les Etats les plus riches, pour lesquels une baisse de croissance ne semblait plus supportable et qui étaient en outre responsables des émissions les plus importantes, y avaient pris l'engagement de stabiliser en 2000 leurs émissions au niveau de celles de 1990. C'est le Protocole de Kyoto, en 1997, qui traduisit cette volonté. Mais l'entrée en vigueur du Protocole de Kyoto le 16 février 2005 n'a pas servi à grand-chose puisque les Etats-Unis, qui à eux seuls émettent 35% du total des gaz à effet de serre d'origine humaine, ont refusé de le ratifier. Conséquences et risques Les experts en la matière craignent cependant que ce protocole tombe à l'eau. Certains d'entre eux n'hésitent pas à prédire les scénarios les plus catastrophiques. Certains pronostics indiquent que si rien n'est fait le plus vite possible, 92 millions de personnes risquent de voir leurs habitations mises en danger. A titre d'exemple, le Bangladesh perdra 17% de son territoire et le delta du Rhône se retrouvera les pieds dans l'eau. Aussi, au rythme où vont les choses, la température des océans pourrait s'accroître d'un à deux degrés d'ici 2050 et l'écosystème aquatique en serait totalement altéré. Les risques ne s'arrêteront pas là. Selon les estimations de la revue Nature du 8 janvier 2004, un million d'espèces animales et végétales pourraient disparaître d'ici 2050. De son côté, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat prévoit la disparition de 21% à 52% des espèces. La température mondiale a déjà augmenté de 0,6 degré au cours du siècle dernier. Elle augmentera d'un nouveau degré. Et dans le cas où les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas diminuées, les scientifiques les moins pessimistes prédisent les scénarios les plus sombres. Outre la disparition des glaciers, il y aura plus d'inondations, plus de vagues de chaleur et plus de tempêtes. Et le niveau des mers sera élevé d'au moins 30 centimètres. Aussi, la température augmenterait de 8 degrés. On prévoit même la diminution de 50% de la pluviosité en Afrique tropicale, au sud-est de l'Asie, en Australie et aux Etats-Unis.