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« Je ne crois pas à l'écriture de l'histoire mais à celle de la mémoire »
Juana Salabert. Auteure espagnole
Publié dans El Watan le 05 - 04 - 2009

Son rapport à l'écriture, la place de l'exil, le lien avec l'Espagne sont en résumé un point commun avec la guerre et ses conséquences, les grands axes pour lesquels l'Espagnole Juana Salabert et l'Algérienne Wassila Tamzali ont été invitées à Oran pour une rencontre avec le public à l'institut Cervantès d'Oran. Elle livre dans cet entretien sa pensée et les grands thèmes qui caractérisent ses œuvres littéraires. Elle est déjà auteure de plusieurs romans et fille d'un exilé espagnol (Miguel) qui a vécu à Paris et a été journaliste, essayiste spécialiste de Jules Verne et auteur d'un roman L'Exil intérieur.
Vous êtes née en France, en exil donc, mais vous avez toujours gardé le lien avec votre pays. Quel regard portez-vous sur lui ?
L'Espagne a marqué l'histoire du XXe siècle, car elle a été le premier pays à lutter contre le fascisme. Avant l'avènement du franquisme, des élections ont eu lieu démocratiquement et il y avait une bourgeoisie de centre-gauche qui voulait réellement moderniser l'Espagne. Il y avait deux Espagne, une Espagne moderne et une autre conservatrice, d'où une guerre civile dévastatrice. Aujourd'hui, ce passé jouit d'un très grand intérêt chez les petits-fils de ceux qui ont perdu la guerre (les républicains, ndlr). Ils veulent connaître cette histoire et reconstituer cette mémoire. Les Espagnols ont mené une grande bataille contre le nazisme et Hitler le savait quand il avait envoyé des escadrons pour bombarder Almeria, Guernica qui a été symboliquement immortalisée par l'art, etc. Hormis la guerre elle-même et la défaite républicaine, l'exil a également concerné les mouvements de grèves des années 50, notamment des universités qui se sont soulevées contre le franquisme. 1 million d'Espagnols ont traversé la frontière. Dans mon livre (Hijas de la ira : vidas rotas por la Guerra Civil, 2005, ndlr), j'ai rassemblé les récits de femmes issues d'horizons divers : des actrices célèbres, des paysannes, des étudiantes, des filles du maquis. Elles racontent comment elles ont vécu la guerre, l'après-guerre, les bombardements allemands, la traversée des Pyrénées et les bombardements italiens, trois mois avant la chute de Madrid qui a fini par tomber entre les mains de Franco. Je ne crois pas à l'écriture de l'histoire, mais j'accorde beaucoup d'importance à la mémoire, celle de mes parents comprise. A partir du XXIe siècle, je veux lancer un autre regard et poser la question « Qui aurions-nous pu être si les choses s'étaient passées différemment ? »
Y a-t-il un lien entre votre histoire familiale et les thèmes consacrés dans votre œuvre littéraire ?
Pour le thème de l'exil, oui. Je suis issue d'une famille bourgeoise républicaine qui a fui en France et au Mexique et c'est sans doute pour cela qu'on peut dire que le thème de l'exil est présent dans tous mes livres. Cependant, dans mon roman El Bulevar Del Miedo, avec une superposition temporelle entre l'Espagne des années 40 et le Paris de 1968, je traite autant du trafic d'armes vichyste et nazi que de la spoliation du patrimoine artistique, un fait avéré avec la découverte de documents de contrebandiers attestant du passage d'œuvres d'art entre l'Espagne et la France, après le pillage entre autres des artistes et des galeristes. Quand la corruption mine l'être humain, on assiste à la naissance d'une grave crise, comme le raconte si bien Emile Zola dans La Bête humaine par exemple. Ce livre a eu le prix Fernando Quinones, mais il a été finaliste du prix Dashiell Hammet. L'éditeur l'a proposé, parce qu'il avait considéré qu'il y avait une intrigue de fond, mais ce n'est pas un roman policier dans le sens classique du terme, même si aujourd'hui les frontières ont tendance à s'effacer entre les genres.
Quel rôle a joué votre père ?
Le roman de mon père, L'Exil intérieur, a été interdit en Espagne à l'époque de sa sortie en 1961. Il était passionné et aimait la vie. Il était traducteur de Neruda et était communiste mais anti-stalinien. Il m'a transmis une devise : « Ecouter la rumeur du monde, car chacun de nous porte en soi le monde entier. » C'est comme si l'histoire de chacun équivalait à toutes les histoires. C'est cette force de l'abstraction qu'il a essayée de mettre en avant en m'incitant à cultiver l'imaginaire, comme savent le faire les Latino-Américains dont beaucoup étaient ses amis. Très jeune, je me suis donc mise à voyager. J'ai été en Uruguay et les dictatures Sud-Américaines sont tout aussi condamnables. Mais la littérature, les paysages de ce continent, ses gens, ses paysans sont d'une richesse éblouissante. Ils ne sont pas encore détruits ou déformés par la télévision. Un des personnages de mes tout premiers romans est justement une fille disparue de l'Uruguay.
BIO EXPRESS
Juana Salabert est née en 1962 à Paris d'un père espagnol, Miguel, exilé en France à partir de 1956. Ses parents sont revenus vivre en Espagne, mais elle est restée en France pour continuer ses études en lettres modernes avant de devenir écrivaine à partir de 1996. Installée à Madrid, elle travaille dans la presse culturelle. Les romans de Juana Salabert traduits en français : Avenir souvenir 1999 Le Vélodrome d'hiver 2001 Le Boulevard de la peur 2007 Elle a elle-même traduit du français à l'espagnol deux ouvrages : Islam, société et civilisation de Paul Balta et Réflexions sur de Jean Paul Sartre.


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