La ville française de Strasbourg a abrité, hier, le sommet de l'OTAN sur fond de contestation et de violence. L'Alliance nord-atlantique, qui célèbre son soixantième anniversaire, est perçue comme une survivance de la guerre froide délibérément maintenue par les Etats-Unis et ses partenaires européens, alors que le motif qui avait suscité sa création n'existe plus. L'OTAN avait été constituée contre l'Union soviétique et les pays de l'Est membres du Pacte de Varsovie. Mais l'alliance a-t-elle encore un sens, dès lors que l'Union soviétique s'est effondrée ? Davantage encore, les pays qui étaient sous la férule de Moscou ont rejoint l'OTAN au titre d'un processus d'élargissement ouvert aux pays les plus géographiquement proches de la Russie. Contre qui l'OTAN redéploie-t-elle alors ses objectifs de défense au moment où la Russie est loin d'être indifférente aux nouvelles stratégies de cette organisation ? Nul n'ignore que ce sont les Etats-Unis qui dictent la ligne à suivre et que c'est le Pentagone qui avalise, en dernier ressort, les décisions de l'Alliance nord-atlantique. Les pays européens, à l'exception de ceux qui disposent de l'arme de dissuasion, se sont placés sous le parapluie américain pour bénéficier, le cas échéant, de la possibilité d'être défendus en cas d'agression. C'est particulièrement le cas des pays nouveaux entrants dans l'OTAN et qui étaient tous partie prenante du pacte de Varsovie. Pour le moment, des pays comme l'Ukraine et la Géorgie n'ont pu bénéficier d'un droit d'entrée au sein de l'OTAN dont les dirigeants jugent plus prudent de ne pas irriter davantage encore Moscou tant il est avéré que l'adhésion de ces deux pays pourrait être lourde de conséquences pour la sécurité du monde. L'irréparable aurait ainsi été commis si la Géorgie avait été membre de plein droit de l'OTAN l'été dernier, lors de son conflit armé avec la Russie. Les Etats-Unis et l'Europe auraient été obligés d'intervenir militairement à la rescousse de cet allié. Le risque n'est-il que différé ? En l'état actuel des choses, l'OTAN a plus des missions d'attaque que de défense comme l'illustrent ses actions en Afghanistan et auparavant en ex-Yougoslavie. C'est une évolution significative pour une alliance qui n'avait pas tiré un seul coup de feu durant la guerre froide. C'est une OTAN un peu plus guerrière qui sortira, sans nul doute, à cet égard, du sommet de Strasbourg, où l'Afghanistan est le dossier majeur à l'étude. Le président Obama entend en effet concentrer tous ses efforts sur l'Afghanistan où la décision militaire contre les taliban n'a pu être faite au bout de huit ans d'occupation. Il est peu probable que le président américain attise dans le même temps les tensions avec la Russie dont le poids est certain dans cette région du monde. Le seul problème est de savoir si cet effort de guerre se passera de la caution de l'ONU dont la vocation est de garantir la paix. L'expérience du passé le plus récent démontre que les Etats-Unis, et dans leur foulée l'OTAN, se passent de l'avis de l'instance onusienne lorsqu'il s'agit de frapper des cibles prédéterminées et d'occuper des pays indépendants par la force des armes. Il est difficile que l'OTAN, dans ces contrées éloignées de l'Atlantique, conduise des missions humanitaires.