Une super-pilule combinant des médicaments contre l'hypertension, le cholestérol et de l'aspirine réduirait de moitié le risque cardiovasculaire chez des sujets sains et pourrait révolutionner le traitement et la prévention des maladies cardiovasculaires. « Nous estimons que la Polypill (nom donné à cette pilule) a probablement le potentiel de réduire les maladies cardiaques de 60% et les attaques cérébrales de 50% », a estimé devant la presse le Dr Salim Yusuf, coauteur de cet essai clinique baptisé TIPS (The Indian Polycap Study). Les données de l'étude indiquent précisément une réduction de 48% du risque d'attaque cérébrale et de 62% du risque de crise cardiaque. « L'idée que les gens pourraient prendre une simple pilule pour réduire les risques cardiaques multiples suscite beaucoup d'exaltation, car cela pourrait révolutionner la prévention des maladies cardiovasculaires », a-t-il ajouté. « A la question de savoir si des personnes ne souffrant pas encore de maladies cardiovasculaires devraient prendre cette pilule, je pense que la cardiologie va rapidement dans cette direction », a poursuivi le Dr Yusuf. L'étude a été conduite en Inde avec 2053 participants âgés de 45 à 80 ans, financée par le laboratoire indien Cadilla Pharmaceuticals, qui n'a eu aucun rôle dans la collecte des données. Il s'agit du premier essai clinique pour évaluer la tolérance d'un tel traitement combiné, et déterminer s'il entraîne ou non une diminution notable du risque cardiovasculaire, ont expliqué les chercheurs, le Dr Prem Pais et l'autre coauteur de l'étude. Ces cardiologues ont comparé les effets de la Polypill avec huit autres médicaments sur la tension artérielle, les taux de cholestérol ou encore le rythme cardiaque. La pilule contient de faibles doses de trois médicaments contre l'hypertension (12,5 milligrammes (mg) de thiazide, 50 mg d'aténolol et 5 mg de ramipril) ainsi que 20 mg de simvastatin, un anticholestérol, et 100 mg d'aspirine, un anticoagulant. Ils ont constaté une réduction importante du taux de mauvais cholestérol (LDL), de la tension artérielle et de la fluidité sanguine, soit un risque moindre de formation de plaque dans les artères ou de caillot. Les effets secondaires ont été les mêmes avec la Polypill qu'avec chacun des composants pris séparément. « Cet essai clinique a été la première étape cruciale pour concevoir et conduire des études étendues pour confirmer ces résultats », a souligné le Dr Yusuf. Il « suscite l'espoir que la Polypill, en conjonction avec des efforts pour améliorer le régime alimentaire et encourager l'exercice, pourra un jour réduire fortement le fardeau des maladies cardiovasculaires dans le monde », a estimé le Dr Christopher Cannon, un cardiologue à l'Université de Harvard.