Est-ce la fin du calvaire pour les habitants du plateau Amimoun, situé sur les hauteurs de la ville de Béjaïa ? A en croire les déclarations du wali, répercutées par la cellule de communication de la wilaya, les familles habitant ces immeubles délabrés vivent avec la peur au ventre. Selon l'administration, «ces habitants seront relogés dans les logements sociaux implantés dans la commune de Oued Ghir». «Une enveloppe financière est attribuée par la wilaya afin de prendre en charge les travaux de viabilisation des cités». Une équipe du CTC d'Alger s'est déplacée, sur invitation du wali, ajoute le communiqué, «pour effectuer une expertise technique de ces immeubles. La synthèse a été transmise avec ses conclusions au ministère de l'Habitat». Toutefois, le représentant des habitants, que nous avons reçu à notre rédaction, a tenu à rappeler que le wali «n'ignore pas que le drame que vivent quotidiennement les habitants de cette cité ne date pas d'hier». «Des expertises du CTC ont été établies depuis 2012 et elles ont toutes conclu que les bâtisses en question constituent un danger imminent à la moindre catastrophe naturelle. Ils savent depuis des années que les immeubles menacent ruine», nous dit Walid. Beaucoup de temps a été perdu et la solution du problème est reléguée à chaque fois à plus tard. Pour les habitants, rien n'est réglée : «Aucune solution concrète n'a été trouvée à notre problème. Même les demandes de logements LPA déposées par certains habitants n'ont pas été favorisées. C'est dire que le cas de cette cité a été ignoré depuis des années.» Face à la rareté des finances, l'administration a opté pour un montage financier, mais la somme est insuffisante pour construire des logements sur le même site du plateau Amimoun où une assiette a été proposée par les habitants. «L'APW et l'APC ont promis, certes, de débloquer respectivement 100 milliards de centimes et 50 milliards de centimes, mais cela ne suffit pas. La véritable solution doit venir des autorités centrales, lesquelles sont également sollicitées par la wilaya dans le but de financer les travaux de VRD au niveau des logements de Oued Ghir», dit Walid, le représentant des habitants. A ce propos, notre interlocuteur interpelle le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui, selon lui, «connaît le cas des citoyens de cette cité, puisque le député local de son parti jure qu'il lui en a parlé en personne». L'espoir des habitants de cette cité qui tombe en lambeaux repose également sur une éventuelle visite du ministre de l'Habitat, qui est annoncée, selon nos sources, pour avant la fin de l'année. Quant à la solution dégagée par la wilaya, notre interlocuteur estime que les habitants «ne sont pas près de quitter leur quartier. Les logements d'Oued Ghir ne peuvent constituer pour nous qu'une solution de recasement avant de revenir à la haute ville de Béjaïa». L'appel de détresse des habitants, appuyé par une offensive médiatique, a été entendu pour le moins par les députés de la région, qui ont réussi à faire bouger les choses et à «forcer la main» aux autorités locales. La cause des résidents du plateau Amimoun est arrivée jusqu'au Parlement et aux oreilles du ministre de l'Habitat et du Premier ministre. Selon eux, au niveau de la ville de Béjaïa, 350 logements ont été proposés pour leur recasement, à savoir à Sidi Ali Lebhar (160), près de la prison de Lekhmis (82) et d'autres à la cité Zedma (des Greniers). Ils réfutent le nombre de 560 familles avancé par l'administration, car pour eux «ce chiffre représente le nombre de logements et non pas le nombre de familles». «Il y a des logements occupés par deux ou trois familles qui sont à l'étroit», affirme Walid. Pour rappel, les bâtiments du plateau Amimoun ont été construits dans le cadre d'un programme colonial de recasement en 1958. Aujourd'hui, les habitants ne veulent plus entendre parler de «restauration» de ces bâtiments. Ils revendiquent «un recasement pour éloigner le danger, en attendant la réalisation de logements sur les décombres de l'ancienne cité coloniale de 1985 et l'application du Plan de Constantine».