Tous les quartiers de l'ancienne ville sont à refaire. La ville de Béjaïa est touchée de plein fouet par la précarité de ses nombreuses habitations. Ville historique, elle compte des demeures qui se chiffrent par milliers. Ces habitations sont devenues des sites historiques, celles construites pendant la présence coloniale menacent présentement ruine. Restées en majorité dans l'indivision, ces habitations sont aujourd'hui un véritable casse-tête chinois pour les autorités qui ont une grande responsabilité en péchant par manque flagrant de leur entretien. Les habitations de la vieille ville et des anciens quartiers construits durant l'époque coloniale sont dangereuses. Elles le sont encore plus depuis les dernières intempéries qui ont encore une fois mis à nu toutes les défaillances. Le constat alarmant des demandeurs de logement ou de recasement donne des «sueurs froides» aux élus de la commune, illustrant par la même occasion la gravité de la situation. Qu'on en juge! Pratiquement, tous les quartiers de l'ancienne ville sont à refaire. Très peu de bâtisses ont été reconstruites. Certaines demeures ne sont plus seulement inhabitables mais elles auraient dû être rasées du paysage de la ville depuis des années. Le dernier recensement effectué sur l'habitat précaire fait ressortir, pour la seule ville de Béjaïa, des centaines de familles vivant dans des conditions précaires. Au plateau Amimoune, le vieux quartier de Lhouma Oucherchour, et bien d'autres ont, pourtant, fait l'objet de procès-verbaux dressés par les services de la santé publique, du CTC, de la Protection civile et de la commune. La montée inquiétante du vieux bâti et le retard flagrant mis dans la réalisation des logements publics fait que la ville de Béjaïa est cruellement dans le besoin. Dans la Cité Lhouma Oucherchour, nous avons constaté de visu tous les risques qu'encourent les résidents. La famille Kitoune vit avec la peur au ventre. Des infiltrations partout, des murs fissurés, la demeure est une véritable ruine. «A chaque intempérie, nous ne fermons pas les yeux de peur que le plafond s'effondre sur nous», affirme cette dame qui réside sur les lieux avec ses filles et son fils. Dans la foulée, elle expliquera toutes les démarches effectuées pour un recasement provisoire qui ne vient toujours pas. Comme elle, elles sont des centaines à vivre dans le risque dès l'arrivée de l'hiver. Des familles qu'il faut bien reloger mais à Béjaïa, cela relève de l'utopie. Le cas des 500 logements retenus en 2008, dans le cadre de l'éradication de l'habitat précaire, est assez illustratif. Seules 96 unités ont été lancées dans ce programme, en revanche les 400 autres restent en marge. Voilà la réalité. Et ça ne sera certainement pas l'intention des responsable qui va régler le problème. L'ex-ministre de l'Habitat, Nordine Moussa, avait déclaré, en marge de sa visite à Béjaïa, qu'il n'est plus possible d'entendre parler de recasement après l'expiration du quinquennat 2010-2014. A Béjaïa, cette solution restera de vigueur encore longtemps. C'est une certitude devant le déficit actuel aggravé par un manque criant d'assiettes foncières pour réaliser les programmes d'absorption de l'habitat précaire lorsque les équipes aux commandes locales daignent toutefois les lancer.