Plusieurs citoyens habitant non loin du jardin public baptisé Mohamed V, connu sous le nom de « Sidi Yakoub », lancent un SOS aux autorités locales, dont le wali de Blida, afin que des « projets à but commercial et lucratif » ne soient pas érigés à l'intérieur de ce jardin. Constitué en un comité de quartier, ces citoyens craignent que cet espace, situé en plein centre de Blida, fort symbole de la ville des Roses, perde de sa notoriété, d'autant plus qu'il abrite le mausolée du marabout Sidi Yakoub ainsi que des oliviers millénaires. Ils font de leur mieux pour qu'une pizzeria et un café ne soient pas implantés à l'intérieur de ce jardin, représentant pour beaucoup de Blidéens un site relevant du patrimoine local. « Si cette réalisation se concrétise, l'on s'attend à l'abattage d'arbres ainsi qu'à un pourrissement des lieux avec de fréquents vas et viens dans cet endroit, censé être sacré », lit-on dans une lettre ouverte adressée dernièrement par des riverains, au wali de Blida, afin d'attirer son attention sur ce sujet. Déjà, des citoyens, habitant juste en face du jardin en question, évoquent la mauvaise fréquentation qui le caractérise depuis plusieurs années, laquelle va d'après eux s'envenimer davantage avec l'ouverture envisagée de la pizzeria et du café et les « décibels'' qui en feront le ‘« décor » sonore. « Les délinquants viennent souvent dans ce jardin pour s'adonner à leurs vices favoris et cela se fait de jour comme de nuit et en toute quiétude. On n'a pas cessé alors d'interpeller les services de sécurité pour stopper ce phénomène, en vain. Si l'ouverture des deux commerces a lieu, l'on peut facilement s'attendre à la multiplication des dérives, surtout quand on sait que nos enfants passent par ce jardin pour accéder à l'école des bois sacrés », appréhendent ces mêmes citoyens. Actuellement, ils font pour ainsi dire le travail des policiers, puisqu'ils surveillent, à longueur de journée, le site, pour stopper d'éventuelles constructions. Par ailleurs, nous avons appris de sources officielles que ces projets ont été proposés par un bureau d'études, et ce, dans le cadre de la réhabilitation des mausolées de Sidi Yakoub et de Sidi El Kebir. Le projet date de 2006 et nécessite un budget de 5 milliards de centimes (25 millions de dinars pour chaque site). Il a été, tout d'abord, chapeauté par la direction de la culture de la wilaya de Blida puis par la direction de l'administration locale (DAL) de la même wilaya avant que ce dossier ne soit transféré à la direction locale de l'urbanisme. Cette dernière a pourtant rassuré les riverains, puisque l'implantation d'une pizzeria et d'une cafétéria à l'intérieur du jardin de Sidi Yakoub n'a finalement pas été retenue. D'après M. M'hamed Bouzouidja, chef de service au niveau de la direction de l'urbanisme de Blida, le jardin en question et le mausolée de Sidi Yakoub vont bénéficier, au contraire, d'une opération de réhabilitation à la hauteur de leur notoriété. « Finalement, le marché tel qu'il a été approuvé par le comité de wilaya comprend notamment la plantation de nouveaux arbres, la mise en fonction de l'éclairage public, l'acquisition de nouveaux bancs ainsi que l'aménagement des allées du jardin et de son mausolée », nous dira-t-il avant d'ajouter que « le site de Sidi El Kebir sera quant à lui surtout concerné par la réhabilitation de sa mosquée ». Enfin et même si les autorités locales rassurent les riverains quant à la prise en considération de leurs doléances, ces derniers continuent toutefois de « surveiller » les lieux, en ne faisant confiance à aucune autorité, afin de contrecarrer toute tentative émanant de ceux qu'ils qualifient « d'indus occupants » et de « dévastateurs » du site. Ils se disent, par ailleurs, impuissants face la montée inquiétante de la délinquance et de la consommation de la drogue et autres dérives à l'intérieur du jardin en question, lequel semble devenir de plus en plus un repaire pour les délinquants.