A l'ombre du débat crucial sur les enjeux du développement durable dans l'espace méditerranéen, l'Algérie demeure confrontée à des défis majeurs qui risquent de compromettre les secteurs névralgiques. Ce constat se dégage du rapport annuel Mediterra 2009 du Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM) qui sera présenté demain à la presse. Elaborée sous le thème « Repenser le développement rural en Méditerranée », l'édition de cette année de Mediterra met l'accent sur le changement climatique, les ressources naturelles et le développement rural dans l'espace méditerranéen. L'analyse faite sur l'agriculture en Algérie fait ressortir des résultats inquiétants sur l'aggravation des contraintes à long terme, si une stratégie de développement durable sérieuse et consolidée n'est pas mise en œuvre. C'est le cas de la production céréalière, dont les chercheurs du CIHEAM estiment le recul à 10% en moyenne par année du fait des changements climatiques. A ce rythme, la production céréalière d'hiver en Algérie, qui est actuellement de 40 millions de quintaux par année, ne dépassera pas les 36 millions de quintaux à l'horizon 2020, alors qu'elle sera de 20 millions de quintaux seulement à la même échéance si la saison est compromise par la sécheresse. Une production, évidemment, très en deçà des besoins, sachant qu'« à l'horizon 2025, la demande en céréales serait de 10 millions de tonnes (100 millions de quintaux) ». Cependant, « dans l'étude réalisée au titre du PNDA, sur les 6 millions d'hectares consacrés à la céréaliculture en régime pluvial, les terres favorables aux céréales ont été estimées à 1,2 million d'hectares avec un rendement de 25 q/ha, ce qui permettrait une production de 3 millions de tonnes (30 millions de quintaux) », relève l'analyse en question tout en mettant en garde que « le changement climatique touchera aussi les légumes dont les rendements diminueraient de 10 à 30% en Algérie et de près de 40% au Maroc à l'horizon 2030 », est-il encore mentionné dans la même publication. L'impact du changement climatique sur le potentiel en eau mobilisable à l'horizon 2025 n'est pas moins important. En Algérie, le potentiel qui est actuellement de 9 milliards de mètres cubes risque de connaître une réduction de 35% (3,1 milliards de mètres cubes) dans les 15 prochaines années si la pluviosité reste faible. Les retombées négatives du changement climatique interviennent aussi sur le processus du développement rural en aggravant le phénomène de l'exode vers les zones urbaines. Mediterra 2009 souligne, à cet effet, « la sécheresse provoque une chute drastique des rendements des productions agricoles, y compris des variétés locales plus rustiques, une décimation du cheptel et une désertification par la dégradation des couverts végétaux et des sols ». Outre les facteurs naturels, la reconsidération des systèmes de gouvernance s'impose en Algérie pour un meilleur processus de développement rural. Dans le chapitre consacré à ce volet, il est souligné que « les différents recensements en Algérie confirment une tendance à la baisse de la population rurale (…). L'accessibilité aux services de base pour les populations dites éparses et le fonctionnement aléatoire des infrastructures ont alimenté ces dernières années la pauvreté et l'exclusion des populations des facteurs de progrès ». C'est là que se fait sentir la nécessité de mettre en œuvre une politique de gouvernance dans le milieu rural qui prône la décentralisation, préconisent les chercheurs du CIHEAM.