Les perspectives du développement et les défis futurs dans la région de la Méditerranée continuent de mobiliser les scientifiques, les experts et le monde politique à travers le bassin méditerranéen. Le Ciheam, (Centre international des hautes études agronomiques méditerranéen) vient, à cet égard, d'achever une étude sur les politiques agricoles et alimentaires dans la région. Les experts de ce centre intergouvernemental dont l'Algérie est membre, ont également livré leur vision prospective sur le développement dans la région. Intitulée Mediterra 2008, l'analyse, comme elle a été présentée d'emblée, porte sur " sur les futurs agricoles et alimentaires en Méditerranée ", et ce, en proposant " une prospective de la situation agricole, alimentaire et rurale en Méditerranée à l'horizon 2020 ". A travers cette démarche, le Ciheam souhaite poser la question sur " le futur de la Méditerranée, de sa relation avec l'Europe et de la place que l'agriculture est à même de jouer pour articuler stratégiquement ces deux ensembles géographiques au destin lié ". De cet fait, après avoir examiné la situation actuelle dans la région, les chercheurs du Ciheam estiment qu'en substance, l'agriculture et l'alimentation sont au cœur d'une coopération euro-méditerranéenne refondée sur des priorités stratégiques, comme, la gestion responsable des ressources, la sécurisation des approvisionnements alimentaires, la promotion de l'alimentation, le développement intégré des territoires, la lutte contre le changement climatique, émergence d'un système agro-alimentaire de la fourchette à la fourche, l'invention d'une nouvelle PAC ouverte sur l'espace méditerranéen. Avec un regard rétrospectif sur l'état des lieux, Mediterra 2008 revient sur certains indices de développement dans la région. Entre autres, la démographie qui est appelée à atteindre un total de près de 550 millions d'habitants dans l'ensemble des pays du bassin méditerranéen à l'horizon 2020 alors qu'en 1990, ce total a été au dessous des 380 millions d'habitants. La prédominance de la population rurale persistera à la même échéance puisque 58% des habitants de la région habiteront la campagne. Au chapitre qui a été réservé à " la part des actifs agricoles dans la population active totale ", il a été fait état d'un taux de 46% des habitants de la région qui sont occupés par l'agriculture en 2004. Ce taux pour l'Algérie a été évalué à 23%. La contribution de l'agriculture au PIB (produit intérieur brut), lui, oscille entre 1,9% en Israël et 22,6% en Syrie, alors qu'il est de 8,3% pour l'Algérie. Cependant, la même étude laisse apparaître un déficit net des balances commerciales agricoles des pays de la rive sud de la Méditerranée. En effet, de son niveau de +223 millions de dollars en 1990, il a dégringoler jusqu'à enregistrer un déficit qui dépasse les 9 milliards de dollars en 2004. En tout cas, il est utile de souligner que l'œuvre en question vient d'être réalisée dans un contexte marqué à la fois par le retour de l'agriculture sur le devant de la scène internationale et par la relance du débat politique sur la Méditerranée, à la faveur du lancement du projet d'Union pour la Méditerranée (UPM). C'est ainsi que le rôle stratégique de l'agriculture en Méditerranée, à travers un diagnostic et une identification de chantiers prioritaires dans la région, pour y construire l'avenir, est mis en exergue.