Il est des hommes qui accomplissent leur devoir sans rechigner. Abdelhamid Khemkhoum, directeur de l'école primaire Douibi Madani à Kouba, est l'un d'eux. Originaire de Beni Aziz (Sétif) où il fait ses premières classes, M. Khemkhoum a perfectionné son savoir dans différents instituts du pays pour s'installer finalement à Kouba. L'esprit alerte, cet homme à la carrure imposante, parle de ses années passées à école Douibi avec la pédagogie que lui reconnaissent beaucoup à Kouba. « J'étais enseignant à l'école Douibi en 1967. J'y suis resté jusqu'en 1971, année du départ du directeur, nommé président de l'APW d'Alger, et qui m'avait choisi parmi mes collègues pour le remplacer. L'homme m'a tout appris et tout ce que je sais du métier c'est lui qui me l'a enseigné », souligne-t-il, en affirmant qu'il avait assuré l'intérim avant d'être confirmé à son poste en 1986. L'établissement de la Croix est l'un des plus performants de la circonscription de Hussein Dey. Grâce en partie à lui et aux enseignants, dont certains travaillent avec lui depuis 1975. M. Khemkhoum, qui n'est pas partisan des châtiments corporels, garde toujours une canne en plastique qu'il montre pour « tenir en respect » les élèves turbulents. « Une fois, j'ai corrigé un élève qui, en fait, n'avait commis aucun tort. Je suis monté le voir dans sa classe et je me suis excusé. L'enfant en était tout ému et a ramené le lendemain ses parents pour me remercier. » L'une des marques de M. Khemkhoum est de travailler de concert avec les parents d'élèves. « Je fais des parents un partenaire privilégié. Rien ne se fait sans leur consentement », affirme-t-il. Avec leur participation, une opération de plantation de 300 arbres dans la cour a été entreprise. On y trouve aussi un dispensaire constitué de médecins et d'infirmiers qui sont à la disposition des élèves. Mais M. Khemkhoum n'est pas seulement le directeur paisible apprécié de tous, il s'intéresse aussi aux affaires de la cité. Certains de ses collègues ont été sollicités, en 1995 à l'occasion des présidentielles, pour superviser les bureaux de vote. « La désaffection était importante, compte tenu du climat de terreur dans laquelle nous vivions. Alors que l'école accueillait des enfants d'officiers et de hauts responsables et que j'étais moi-même menacé à plusieurs reprises, j'ai tenu tête et j'ai ouvert le centre de vote. Une fois les résultats connus, je suis sorti devant la porte de l'établissement et j'ai tiré des coups de rafales avec un kalachnikov pour exprimer ma joie », raconte-t-il. Deux ans plus tard, M. Khamkhoum a été choisi pour diriger le parti RND, encore balbutiant, dans la commune, alors qu'il avait sa carte au FLN. Il s'explique : « Je l'ai fait pour servir mon pays durant une période assez trouble. Mais avant de sauter le pas, je suis allé voir Cherif Messadia qui m'a donné sa bénédiction. Je me suis alors porté candidat sur la liste du parti dirigé par l'actuel Premier ministre, M. Ouyahia. Et actuellement, je suis élu à l'APC de Kouba ».