HHC serait-il sur la sellette ? Pour la énième fois cette question revient sur le tapis et elle doit sûrement, à force d'être répétée, agacer au plus haut point l'intéressé lui-même qui, donné à chaque fois et avec insistance partant par la rumeur, se surprend presque à demeurer encore en poste avec tous les pouvoirs que lui confère sa fonction. Le patron de l'Unique est devenu, est-on tenté de dire, un sujet classique de spéculation qui a cette particularité de ne pas laisser indifférents aussi bien ses détracteurs que ses admirateurs. Les premiers ne cessent de reprocher à la "boîte" qu'il dirige, véritable institution dans notre pays, sa rigidité et son conservatisme par rapport au large mouvement de communication et de liberté d'expression qui s'est installé dans le monde, deux faiblesses chroniques qui lui valent des critiques justifiées du genre : "elle est nulle", "Y a rien à voir…" etc. Les seconds, en revanche, en considérant l'homme compétent pour cette responsabilité, trouvent que la télé nationale mise sous sa coupe est bien en phase avec son temps, son environnement, et qu'il serait, par conséquent, irréaliste de lui demander plus qu'elle ne peut en donner, même si cette catégorie de téléspectateurs ne se prive pas elle aussi d'aller chercher sur d'autres écrans ses sources de divertissement. Au demeurant, si dans son propre aréopage, on le qualifie singulièrement "d'homme de télévision connu pour la qualité de son travail dans le domaine audiovisuel", c'est pour mieux signifier aux anti-HHC que le regard qu'ils portent sur l'Unique est souvent chargé de subjectivité. L'argumentaire vaut ce qu'il vaut dans une société comme la nôtre où la télévision est au centre de tous les anachronismes sociaux, culturels, politiques, sauf que, pour une fois, l'Unique, à travers elle son DG il y va de soi, n'est pas la cible des réfractaires impénitents traditionnels qui revendiquent sa transformation totale, mais de la sphère officielle représentée par la plus haute instance de direction du pays qui, selon toute vraisemblance, trouve insuffisant le produit informatif réalisé au niveau du boulevard des Martyrs. Le JT étant dans cette optique l'enjeu capital de cette attaque, il apparaîtrait selon certains titres de presse que les services de la présidence, appréciant de moins en moins la manière avec laquelle était assurée jusque-là la couverture médiatique des activités du chef de l'Etat, ont été amenés à créer une structure parallèle pour y remédier. En titrant "Une ENTV indépendante de HHC", le Soir d'Algérie nous informe à ce sujet dans son periscoop que toute une équipe de l'ENTV s'est installée, sous la conduite de Farida Bessa, une journaliste qui assurait une correspondance à partir de Bruxelles, dans le bâtiment principal de l'ancien siège de l'APS sis à Kouba avec comme mission exclusive la gestion du journal télévisé et tout ce qui est lié aux activités de Bouteflika. Ce transfert de compétence, si on peut l'appeler ainsi, a, cependant, de quoi surprendre si on doit associer ses motivations à la seule configuration du JT, autant dans sa forme que dans son contenu. Autrement dit, si c'est une prise en charge —politique et technique — plus appropriée qui est formulée et exigée dans ce cas de figure, on se demande alors ce qu'aurait bien pu faire de plus HHC pour contenter le pouvoir central, parrain de l'ENTV, et qu'il n'a pas été capable de faire, car s'il y a bien une rubrique (ou un secteur) aussi sensible pour ne pas dire stratégique où le DG de l'Unique s'est toujours formalisé à respecter strictement les règles de convenance établies, parfois même en y ajoutant un excès de zèle gratuit pour être dans les bonnes grâces du système, c'est bien le JT. Dans cet espace devenu par la force des choses le coin le plus ennuyeux parce que trop "officiel", la part réservée à Bouteflika est toujours privilégiée et priorisée par rapport au reste de l'actualité. Ouverture du journal obligatoire consacrée au Président, quelle que soit l'importance des autres sujets, et traitement millimétré de tous ses faits et gestes. En quoi HHC a-t-il failli pour le désaisir d'un travail qu'il a accompli avec la plus grande soumission ? A moins que cette curieuse substitution de tâches ne cache une raison beaucoup plus pernicieuse et qui fait office de premier coup de semonce annonciateur d'un dégommage possible du boss de l'Unique. Revoilà donc HHC de nouveau dans l'œil du cyclone, mais connaissant ses immenses capacités d'adaptation à un système qu'il connaît bien et où il faut faire le dos rond pour perdurer, on peut penser aussi qu'il s'agit là d'une banale coquetterie de la part d'un ministre nouvellement installé qui veut simplement marquer son territoire.