A nouveau, frileux, le mercure se rétracte dans la cité de la Mekerra pour redescendre bien en dessous de la petite boule au bas du thermomètre. La chute de température est brutale, infernale pour des dizaines de sans domicile fixe (SDF), retranchés aux quatre coins de la ville. Livrés dans une cruelle indifférence au désespoir de la rue et à cette violence sociale quasi quotidienne faite aux personnes marginalisées, leur détresse éclate dans toute sa crudité en ces nuits gelées. L'un d'eux, venu de nulle part, la trentaine, anonyme et sans abri, a choisi d'élire domicile sur un banc public crasseux, adossé au mur du centre culturel Bengazi Cheikh, sur le grand boulevard de la …République. Artère principale de la cité par où passent et repassent à longueur de journée wali, directeurs de l'exécutif, élus, députés et autres sénateurs. Maigre et voûtée, l'anonyme SDF, recroquevillé sur lui-même, loin d'être invisible, n'arrive pourtant toujours pas à capter leur attention, encore moins à s'incruster dans leurs nombreux et prolifiques discours sur l'effort consenti par l'Etat pour le bien être de tous. La raison ? C'est qu'il est SDF et assurément apolitique….