Il faut peut-être secouer la mémoire pour débusquer le souvenir d'un hiver aussi âpre. On s'y accommode autant que faire se peut, l'œil rivé sur la météo, dans l'espoir d'une quelconque mansuétude de la part de Dame Nature qui aura, en la circonstance, donné libre cours à ses caprices et à ses humeurs fantasques. Pour l'instant, c'est le règne des bonnets, cache-nez, manteaux, capuchons, foulards et autre attirail destinés à protéger des affres du froid, à réchauffer des corps trop engourdis. Toutefois, je ne peux m'empêcher de penser à toutes ces cohortes de sans-abri, de SDF et des déshérités qui vivent dans un total dénuement et qui sont livrés à eux-mêmes. Je ne sais trop comment ils parviennent à supporter les vicissitudes de cet hiver. On les voit, engoncés dans des vêtements de fortune, sales et crasseux, se réfugier sous les arcades. Des femmes, des enfants, des vieillards qui se recroquevillent dans les rues et les artères de la cité, vivant péniblement de la charité publique. Un calvaire insoutenable dont on devine certainement les aléas. Nous n'avons de cesse d'évoquer ce drame qui se joue presque à huis clos et qui s'éternise cruellement. Une réalité qui nous interpelle en permanence et dont on ne parvient pas à la supprimer. Une affreuse galère.