C'est sous les rafales d'un vent glacial et la neige que la bataille d'Aït Amar Ouzegane a été commémorée la veille de l'Aïd par une foule nombreuse constituée d'officiers de l'ALN, des autorités locales de la daïra d'Akbou, des animateurs de l'association Etoile culturelle et des habitants d'Ighram. Même si l'histoire du pays reste à écrire, elle ne manquera pas de retenir les hauts faits d'armes qui se sont déroulés sur cette colline oubliée, surplombant la vallée de la Soummam et culminant à 1500 m d'altitude, et à l'issue desquels les enfants du village ont consenti un lourd tribut pour l'indépendance de l'Algérie. Da Mahmoud Ikherbouchene, témoin vivant de cette journée mémorable, se souvient avec moult détails des péripéties qu'il a lui-même endurées ce jour-là. « Au moment où les groupes de moudjahidine des douars d'Ighram et de Chellata s'apprêtaient, avec pour seules armes des fusils de chasse à rejoindre ceux d'Ouzellaguen pour leur donner main-forte, ils se retrouvèrent nez à nez avec des convois de l'armée coloniale en provenance du col de Chellata. Des accrochages s'ensuivirent et durèrent toute la journée », relate-t-il. « Si l'ennemi a essuyé ce jour-là un sérieux revers qui lui aura coûté 9 officiers évacués par hélicoptère et des dizaines de soldats, moins de deux mois plus tard, et plus exactement le 5 avril 1956, le village fut entièrement rasé en guise de représailles », ajoute-t-il. Au cours de ce rassemblement, une minute de silence a été observée à la mémoire des martyrs de la révolution et des intervenants ont pris la parole pour témoigner de cette épopée afin que nul n'oublie. Youcef Takorabet, président du comité de village, tout en décrivant le déluge de feu qui s'est abattu sur Aït Amar Ouzegane, estimera les pertes de l'armée coloniale à 107 soldats. Le général Ben Maâlem, qui fut à un moment donné secrétaire du colonel Amirouche, considèrera pour sa part cette initiative du comité de village louable et insistera sur le rôle joué par la Wilaya III historique dans la lutte armée. Après avoir souffert le martyre sous l'occupation et pansé leurs blessures après l'indépendance, les rescapés de la bataille du 21 janvier 1956 espèrent voir un jour leur village renaître de ses cendres.