Le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, a gagné l'élection présidentielle avec un score de 90,24% des suffrages exprimés. Une victoire sans appel, comme il l'a voulue. « Abdelaziz Bouteflika a obtenu 12 911 707 voix, soit 90,24% des suffrages exprimés », a annoncé Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur, dans une conférence de presse animée à Alger. Le résultat n'est guère surprenant, d'autant que sa candidature n'a été rendue possible qu'après la modification de la Constitution — qui ne permettait pas plus de deux mandats présidentiels consécutifs — en novembre 2008. Ses adversaires, au nombre de cinq, ont partagé les 10% restants. Ainsi, comme l'a indiqué le ministre de l'Intérieur, Louisa Hanoune, présidente du Parti des travailleurs (PT), arrive en deuxième position avec 4,22% des suffrages. L'écart entre elle et le vainqueur est supérieur au score (85,1%) obtenu par Bouteflika lors de la présidentielle de 2004. Mais elle peut se targuer déjà d'être en deuxième position, surclassant ainsi Moussa Touati, président du Front national algérien (FNA) (2,31%), Djahid Younsi, président d'El Islah (1,37%), Ali Fawzi Rebaïne du AHD-54 (0,93%) et Mohamed Saïd du parti Justice et Liberté crédité de 0,92%. Les quatre candidats, affublés du sobriquet de « lièvres » du fait que le gagnant était connu d'avance, ont dénoncé la fraude le jour du vote. L'islamiste modéré, Mohamed Saïd, dit « regretter » les irrégularités constatées par ses observateurs dans certains bureaux de vote à travers le pays. Selon lui, les bulletins de vote n'étaient pas homogènes. Les observateurs et les citoyens n'ont pas été autorisés à assister au dépouillement des bulletins dans beaucoup de bureaux. Moussa Touati a, de son côté, dénoncé un taux de participation « exagéré ». Même constat fait par le candidat Mohamed Djahid Younsi qui a parlé de gonflage du taux de participation. Le taux de participation officiel donné hier est de 74,54%. Pour le ministre de l'Intérieur, ce taux n'est nullement exagéré. Il le considère comme l'expression du peuple « qui a su dépasser les contingences pour exercer son droit et faire son devoir par l'exercice du suffrage universel ». Il félicite même le « peuple » pour « avoir su faire le bon choix » en (ré)élisant M. Bouteflika. Le ministre voit aussi dans ce scrutin présidentiel « la victoire de la volonté mais aussi celle du cadre législatif et réglementaire du système électoral algérien et celle du dispositif de garantie de transparence des opérations électorales ». Les convictions du président Bouteflika M. Zerhouni n'a pas manqué l'occasion de relever le taux de participation en Kabylie qu'il a qualifié d'historique. A Tizi Ouzou, le taux de participation a atteint 30,88% et à Béjaïa de 29,42%, deux wilayas qui ont enregistré un taux de participation de moins de 15% lors des élections législatives et locales de 2007. L'annonce des résultats au milieu de la journée d'hier n'a pas suscité de réactions du côté des candidats vaincus. Le dernier du classement, à savoir Mohamed Saïd, qui espère la légalisation de son parti non agréé, n'a pas attendu longtemps pour féliciter Abdelaziz Bouteflika à travers un communiqué rendu public hier dans l'après-midi. « Le taux de succès élevé obtenu confirme l'ampleur des attentes populaires, notamment dans les domaines du redressement du déséquilibre social et moral et du parachèvement du processus de réconciliation nationale », a souligné le candidat qui voulait visiblement faire preuve de fair-play. Il a souhaité que « cette nouvelle mandature se traduise par une meilleure approche de la réalité politique nationale, à même de jeter les fondements d'un véritable Etat de droit et d'assurer une transition pacifique et efficace du pouvoir de la génération de Novembre à la génération de l'indépendance ». Peu après l'annonce officielle de sa victoire, M. Bouteflika a salué « la maturité politique » des électeurs algériens. Le message du président réélu ne comportait aucune indication sur les orientations qu'il compte donner à sa politique durant les cinq années à venir. Il s'est contenté de féliciter le peuple pour son choix, tout en affirmant sa conviction « personnelle » que « les Algériens sont pourvus d'un grand sens des responsabilités et d'un esprit de maturité leur permettant de faire face à tous les défis en faisant toujours prévaloir l'intérêt national ».