En annonçant hier à l'hôtel El-Aurassi les résultats préliminaires de l'élection présidentielle, le ministre de l'Intérieur a estimé qu'il “ne faut pas être issu d'une école polytechnique pour deviner pourquoi les gens sont allés voter pour Bouteflika”. Le rideau est tombé hier sur le feuilleton de la réélection d'Abdelaziz Bouteflika pour un troisième mandat. Le Président sortant a obtenu ce qu'il voulait : une forte participation et un score sans appel dépassant les 90% des voix. Un score dépassant de loin celui de la mémorable élection de Liamine Zeroual en 1995 où ce dernier avait obtenu 61,3% des suffrages exprimés. Bouteflika en faisait un point d'honneur : pas question d'être un président mal élu. Il vient d'obtenir gain de cause. En annonçant hier à l'hôtel El-Aurassi les résultats préliminaires de l'élection présidentielle, le ministre de l'Intérieur a estimé qu'il “ne faut pas être issu d'une école polytechnique pour deviner pourquoi les gens sont allés voter pour Bouteflika”. Le ministre a tenté de convaincre, avec un arabe haché, l'assistance, des raisons qui se cachent, selon lui, derrière le fort taux de participation, jugé “exagéré”, voire “gonflé” par les adversaires de Bouteflika. Pour lui, le secret réside dans tout le travail accompli par l'Administration pour la révision des listes électorales et du travail de proximité accompli pour sensibiliser les gens à aller voter. Pour les wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa, où le taux de participation a constitué une surprise, Noureddine Yazid Zerhouni a estimé que “les citoyens de ces deux wilayas ont fait preuve de pragmatisme et d'esprit citoyen. Ils ont compris que certains voulaient les guider dans une mauvaise direction”. Il a mis en évidence la forte participation des citoyens (plus de deux millions) aux différents meetings et autres activités liées à la campagne électorale. Mais, pour M. Zerhouni, l'essentiel est ailleurs. Il s'est étalé à faire la comparaison de la situation de l'Algérie au lendemain de l'indépendance pour la comparer à celle d'aujourd'hui, sous Bouteflika. Il a énuméré les réalisations du président sortant pour justifier le score obtenu par ce dernier. Balayant d'un revers de main les accusations de fraude et autre bourrage des urnes, le ministre de l'Intérieur a affirmé que les cinq autres candidats n'ont apporté aucune preuve quant à ces “allégations”. Tout en confirmant que des candidats l'avaient saisi par téléphone pour évoquer certains cas de fraude, sans pour autant que ces derniers n'apportent des preuves de leurs dires. Quand bien même il concéderait que ces “allégations” puissent être vraies, elles ne représenteraient, selon lui, qu'une “quantité négligeable. Epsilon dans la foulée des 20 millions d'électeurs”. Le ministre a reconnu les incidents survenus dans une dizaine de bureaux de vote où des tentatives de saccage et des menaces à l'encontre des électeurs ont été enregistrés. Il a indiqué, plus tard, que les auteurs sont connus et seront poursuivis en justice. Deux bureaux, seulement, ont été fermés. Ils représentent quelque 5 000 électeurs. Par ailleurs, six tentatives d'attentat terroriste ont été enregistrées, notamment à la fin des opérations de vote. Un policier est décédé dans l'une de ces tentatives qui ont eu pour théâtre les wilayas de Boumerdès, Tébessa, Skikda et Tizi Ouzou. Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur a confirmé que la justice a été saisie dans l'affaire du drapeau noir hissé au-dessus du siège national du RCD. Voici les résultats officiels, en attendant leur validation par le Conseil constitutionnel : Nombre d'électeurs : 20 595 683 Nombre de votants : 15 351 305 Taux de participation : 74,54% Nombre de bulletins nuls : 1 042 727 Nombre de suffrages exprimés : 14 308 578 Abdelaziz Bouteflika : 12 911 705 voix, soit un taux de 90,24% Louisa Hanoune : 604 258 voix, soit un taux de 4,22 % Moussa Touati : 330 570 voix, soit un taux de 2,31% Djahid Younsi : 196 674 voix, soit un taux de 1,37% Ali Fawzi Rebaïne : 133 129 voix, soit un taux de 0,93 % Mohamed Saïd : 132 242 voix, soit un taux de 0,92%. Azzeddine Bensouiah