Le tabac est aujourd'hui mis en cause dans plusieurs maladies et décès. Le constat est établi et la lutte contre le tabagisme ne peut se faire sans les fumeurs. Des études l'ont aussi montré, à l'instar de la dernière enquête réalisée dans près d'une vingtaine de pays dont l'Asie, l'Afrique, l'Europe, l'Amérique latine, le Moyen-Orient et l'Amérique du Nord. Tunis : De notre envoyée spéciale Dix pays d'Afrique et du Moyen-Orient ont été couverts par cette étude, comme l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, l'Egypte et l'Afrique du Sud, qui a été réalisée par la Société mondiale de recherches et d'informations sur la santé (IMS) et financée par le laboratoire Pfizer. Les résultats de cette étude, présentés lors d'une conférence de presse organisée à Tunis le 8 avril, ont révélé qu'une majorité de fumeurs de certains pays d'Afrique ou du Moyen-Orient (l'Algérie, l'Egypte, le Maroc, l'Afrique du Sud, la Tunisie, l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis) veut arrêter de fumer, mais beaucoup ne sont pas certains du meilleur moyen pour y arriver. L'enquête, qui fait partie d'une étude internationale sponsorisée par Pfizer pour comprendre les attitudes des fumeurs envers leur tabagisme et l'arrêt du tabac, a trouvé que 61% des fumeurs dans la région voudraient arrêter, mais que la forte envie de fumer et les autres symptômes liés à l'abstinence représentent la raison essentielle de leur échec. Le médecin traitant a un rôle à jouer pour les aider à arrêter. La plupart des fumeurs pensent qu'arrêter de fumer dépend fondamentalement de leur unique volonté, cependant cette méthode ne réussit que dans environ 5% des tentatives de sevrage. Ils pensent également que le tabac est une dépendance et 68% pensent qu'un professionnel dans le domaine de la santé tel que leur médecin traitant a un rôle à jouer pour les aider à arrêter le tabac. Malgré cela, très peu de fumeurs, en fait 30% uniquement, ont eu avec leur médecin une discussion sérieuse sur le tabac et les traitements disponibles pour arrêter de fumer. 75% des fumeurs qui ont fait l'objet de l'étude ont déclaré être concernés par les dangers du tabac sur leur santé. Il est démontré avec certitude que le tabac nuit à presque tous les organes du corps humain et qu'il est à l'origine d'une grande variété de maladies dont beaucoup sont mortelles, telles que les maladies cardiovasculaires, de nombreux cancers, les maladies respiratoires chroniques et les accidents vasculaires cérébraux. Interrogés à ce sujet, 89% des fumeurs de la région ont répondu que l'arrêt de la cigarette était le meilleur moyen d'améliorer leur état de santé. Fumer est une maladie chronique souvent récidivante, a expliqué le Pr Hichem Aouina, pneumologue à l'hôpital Charles Nicolle à Tunis, impliquant une dépendance physique et psychologique typique à la nicotine. C'est la raison pour laquelle de nombreux fumeurs, malgré leurs meilleures intentions, n'arrivent pas à arrêter de fumer et à vaincre les symptômes d'abstinence pouvant être associés au sevrage. Il leur est difficile d'arrêter de fumer par eux-mêmes, sans aide ou soutien pour vaincre leur dépendance. Pour y arriver, ceux qui veulent arrêter de fumer doivent chercher de l'aide auprès de professionnels de la santé, leur médecin de famille en premier lieu. « En tant que médecin, lorsque je sais que mon patient fume, la décision la plus importante qu'il peut prendre en matière de santé est d'arrêter », explique le professeur Hichem Aouina. Cette étude a montré qu'il existe une certaine confusion parmi les fumeurs sur leur capacité d'arrêter de fumer par eux-mêmes. Il est très difficile d'arrêter de fumer, mais il s'agit d'une décision qui a un rapport avec la santé et qui devrait impliquer le soutien d'un médecin. » 54% des fumeurs ayant participé à l'étude ont déjà essayé d'arrêter de fumer sans succès, avec une moyenne de 3 à 4 tentatives. De nombreux traitements, aujourd'hui disponibles, ont été développés pour aider les fumeurs à y arriver ; c'est leur médecin qui est le mieux placé pour les conseiller sur la méthode la plus adaptée à leur cas. « Cette enquête représente une première démarche très importante dans la compréhension des perceptions qu'ont les populations à travers l'Afrique et le Moyen-Orient sur leur propre dépendance à la nicotine », explique le professeur Gérard Dubois, professeur à l'hôpital universitaire d'Amiens en France. « Cette région est caractérisée par des cultures et des attitudes uniques et c'est en comprenant comment ses habitants se voient par rapport au reste du monde que nous pourrons aborder le problème de l'épidémie du tabac qui nuit à notre santé, à la santé de nos familles et à celle de nos communautés. Cette étude est également importante pour les gouvernements. Elle va leur permettre de mieux comprendre la perception des populations et développer des politiques et des décisions appropriées pour mieux contrôler l'épidémie du tabac », a t-il souligné après avoir donné un aperçu sur l'évolution de l'interdiction de fumer dans les lieux publics en France et les résultats constatés à ce jour. Pour lui, l'industrie du tabac a toujours caché que le goudron de la cigarette comportait des substances cancérigènes et la nicotine à l'origine de la dépendance.