Photo : Sahel Par Amar Rafa Le candidat à l'élection présidentielle du 9 avril dernier Djahid Younsi a fait état de fraude massive et flagrante durant ces élections, en relevant l'utilisation des moyens de menaces et de violence à l'égard des contrôleurs, en citant l'exemple de ce qui s'est passé à M'Sila. Lors d'une conférence de presse, tenue hier au CIP, M. Younsi a estimé que la fraude ne consistait pas en des cas isolés mais était généralisée. Selon ses dires, les représentants de l'administration et les P/APC ont sciemment fait sortir les contrôleurs des bureaux de vote afin de pouvoir agir en toute quiétude, pour bourrer les urnes, au bénéfice de plus d'un candidat. Ainsi, Djahid Younsi a affirmé que 1 600 voix lui ont été soustraites, alors que le candidat Moussa Touati a vu son score revu à la hausse de 11 000 voix. Pour ces raisons, le candidat d'El Islah a conclu qu'il n'y avait pas d'élections mais une fraude, et les résultats sont ceux de la fraude, à telle enseigne que même le classement des candidats n'y a pas échappé. Le candidat Younsi, a affirmé que le responsable de la fraude est l'administration, qu'il a qualifiée de «plus grand parti politique en Algérie», précisant qu'elle était impliquée dans la précampagne, comme dans la campagne et plus tard dans les élections. C'est l'outil des régimes autoritaires», a-t-il lancé, Et d'enchaîner que la fraude ne s'est pas limitée à une wilaya précise mais qu'elle a pris d'autres formes encore plus «primitives» que lors des précédentes élections, avec l'usage du fait accompli et de la violence contre ses contrôleurs. Cela nous a fait oublier la situation de 1997, a affirmé le conférencier, ajoutant que la fraude a non seulement eu lieu aux urnes, mais également au niveau de l'APC et de la wilaya, indiquera-t-il. Il avancera la preuve que jusqu'à hier, il n'avait toujours pas reçu les PV de 10 wilayas, et qu'en ce moment celui d'Alger n'était toujours pas disponible. Pis encore, il a affirmé avoir même reçu des PV de dépouillement antidatés de jeudi dernier. Selon ses estimations, le taux de participation ne dépasserait pas les 2/3 de celui annoncé de source officielle. Selon lui, les images de la télévision montrant de cohues à l'ouverture des bureaux de vote ne reflètent pas la réalité du déroulement du scrutin mais étaient destinées à la consommation extérieure. Quant aux moyens de la fraude, M. Younsi a cité le cas des bulletins au nom d'un candidat retrouvés dans des boîtes à lettres de citoyens. Dans les wilayas de Batna et Khenchela, où le nombre de bulletins dépassait celui des citoyens inscrits sur les listes électorales, cela aurait incité le wali à intervenir, a indiqué en outre Younsi. Aussi, devant cette situation qui porte atteinte à la crédibilité du pays et à celle du candidat élu, Djahid Younsi entrevoit une volonté d'affaiblir le président élu. Le seul point positif, selon lui, est le discours propre développé durant la campagne, qui la différencie des précédentes. Par ailleurs, il a relevé l'inefficience des moyens de recours légaux, puisque, dit-il, pour qu'un recours soit recevable, il est nécessaire qu'il soit consigné sur PV. Or, nombre de contrôleurs n'avaient pas le droit d'entrer dans les bureaux de vote, explique-t-il. Il a en outre indiqué avoir informé par téléphone le président de la commission de surveillance des élections, qui aurait à son tour appelé son représentant au niveau de la wilaya indiquée pour finir par une correspondance affirmant que «l'opération se déroule dans des conditions de transparence». Cependant, Younsi annonce l'intention d'introduire 10 recours au sujet notamment des 1 600 voix qui lui ont été retirées. Si la participation aux élections a été l'occasion de porter devant l'opinion publique les idées d'El Islah, le candidat a affirmé qu'à l'avenir, il tentera de valoriser l'acquis de la présidentielle 2009 pour dynamiser l'activité partisane. Quant au président élu, il dira prendre acte de son élection tout en poursuivant al lutte pour la démocratie.