Face à la crise dans laquelle s'enlise leur société, les salariés de l'Entreprise nationale des corps gras (ENCG) n'hésitent plus à monter au créneau pour obtenir satisfaction de leurs revendications. Ils demandent un contrôle « en urgence de l'Inspection générale des finances (IGF) pour faire éclater toute la vérité » sur la situation de l'ENCG, reprise en 2006 par trois partenaires grâce à une prise de participation de 70 à 80% du capital. Des contrats ont été signés avec chacun des partenaires, stipulant que durant la durée de ces conventions, fixée à trois ans, chaque partenaire est tenu de respecter les clauses contractuelles portant surtout sur la sauvegarde de l'activité et des postes de travail et la réalisation d'un investissement conséquent, dont le montant est fixé sur chaque contrat. Dans une note adressée à notre rédaction par les travailleurs, ces derniers ont relevé qu'à la veille de la fin des contrats, « le maintien de l'activité n'a pas été respecté (…) et les investissements n'ont pas été exécutés », lit-on dans le communiqué, diffusé à l'issue d'une entrevue regroupant les représentants des travailleurs. Selon eux, pendant la durée des contrats signés par les partenaires, l'Entreprise nationale des corps gras ne cessait de s'enfonçer dans la difficulté. « Les unités de l'Ouest (Es Senia et Sig) n'ont pas produit d'huile depuis 2006 et ont été transformées en prison pour enfermer les travailleurs de 8h à 16h, subissant cette torture morale en plus des vexations et harcèlements, la moitié des effectifs sont partis », lit-on dans le communiqué des employés de l'ENCG. L'unité d'Alger est dans une situation pire puisqu'elle a été définitivement fermée, si l'on tient compte des informations rapportées dans le communiqué en question. « Les effectifs ont été réduits dans toutes les unités par des vexations, harcèlement moral, menaces de licenciement, suppression des primes et menace de chômage technique », rapporte-t-on dans la note des travailleurs. Ces derniers, pris en tenaille entre un lendemain incertain et un engagement non honoré par les partenaires ayant repris l'ENCG, ont décidé ainsi de briser le silence et de crier leur indignation. « Les investissements n'ont pas été exécutés et on a assisté à la vente des équipements de production et du matériel roulant. Pis, le complexe de Béjaïa a été hypothéqué auprès d'une banque alors qu'il a été le fleuron de l'industrie des corps gras », s'indigent les salariés. Ceux-ci, réunis en catastrophe, ont mis également en exergue le non-respect des clauses contractuelles, des dépassements graves dans la gestion de l'entreprise pendant la période des contrats et le non-paiement à l'Etat, à ce jour, des montants de leur prise de participation. Les salariés de l'ENCG menacent de durcir le ton si l'IGF tarde à diligenter une enquête afin de tirer les choses au clair et situer les responsabilités. D'autant que les prérogatives de l'Inspection générale des finances viennent d'être renforcées et cet organisme est autorisé désormais à enquêter même sur le secteur économique public.