L'épineux dossier de la Fonction publique, selon toute vraisemblance, sera soumis directement à l'arbitrage du chef du gouvernement lors de la bipartite prévue durant la première quinzaine de septembre prochain. Tenue de remettre ses conclusions au plus tard mercredi prochain, la commission mixte de la Fonction publique, constituée de représentants du gouvernement et de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), butte sur de nombreux points.Le plus litigieux reste celui relatif à la permanisation des contractuels et des vacataires, dont le nombre exact fait l'objet d'un désaccord entre les représentants de la centrale syndicale et le directeur général de la Fonction publique. Ils sont entre 218 000 et 224 000, selon ce dernier, et 300 000, selon leurs défenseurs. Le secrétariat national de l'UGTA et le chef du gouvernement se sont mis d'accord, lors de la réunion du 6 juillet, de ne pas prendre du retard et de soumettre tous les sujets de désaccord rencontrés au niveau des commissions mixtes à la bipartite », indique le secrétaire national chargé des relations publiques à l'UGTA, Abdelkader Malki. Astreint à une rigueur dans la gestion des dépenses publiques, le gouvernement risque de ne pouvoir donner une suite favorable à la requête de l'UGTA. « Pour nous, il s'agit de permaniser tous les vacataires et contractuels, car leurs contrats sont renouvelés depuis plusieurs années. Pour le gouvernement, en revanche, ils doivent partir après l'expiration de leurs contrats », explique M. Malki. Craignant un coût social trop élevé, notamment en termes, de perte d'emplois, du fait du désengagement progressif de l'Etat de la sphère économique, l'organisation syndicale compte demander, durant la prochaine bipartite, des clarifications sur la stratégie économique du gouvernement. Autre pomme de discorde : le calcul du Salaire national minimum garanti (SNMG), remis sur le tapis après la dernière augmentation à 10 000 DA décidée lors de la bipartite d'octobre 2003. Cette augmentation dérisoire, 150 DA pour certains, n'a pu concerner de fait qu'un petit nombre de salariés. « L'impact sur le calcul du SNMG n'a pas eu l'impact escompté », regrette M. Malki, précisant que l'UGTA exige l'abrogation de l'article 87 bis relatif à la loi 90-11 régissant les relations de travail. Le syndicat souhaite, en effet, que les primes ne soient plus inclues dans le calcul du SNMG. Au menu de la prochaine bipartite devraient également figurer les dossiers de la sécurité sociale, des retraites, des salaires impayés par de nombreuses entreprises. La bipartite de septembre prochain intervient dans un contexte social tendu. La Fédération nationale des travailleurs des industries agroalimentaires menace, en effet, de déclencher un vaste mouvement de protestation si sa plate-forme de revendications n'est pas satisfaite par les pouvoirs publics d'ici à la rentrée sociale. Ladite fédération dénonce justement la non-application des recommandations issues des bipartite et tripartite de 2003 relatives à l'ouverture de négociations autour des conventions de branche. Préoccupée par la menace qui pèse sur 70 000 emplois, la Fédération des travailleurs de l'agroalimentaire estime que ce secteur est victime d'un « plan de destruction programmé ». L'Entreprise nationale des corps gras (ENCG) est l'une des entreprises de ce secteur qui font face à de graves difficultés structurelles. Pour cette entreprise, qui emploie 3500 personnes, la mesure la plus urgente demeure le déblocage de l'approvisionnement en matières premières, dont le financement par la banque se trouve bloqué depuis une année. De la même manière, les cheminots, qui brandissent la menace de recourir à la grève, demandent l'aide de l'Etat pour que la Société nationale de transport ferroviaire (SNTF) ne coule pas.