Boumaïza, une agglomération qui survit entre deux rives, ne se fait plus d'illusions. Dépendant de la commune de Ben Azzouz, elle se trouve située entre les limites des wilayas de Skikda et Annaba. Dimanche dernier, deux jours après les élections présidentielles, la localité continuait à vivre une journée ordinaire, sous une fine pluie. Nous partons à la rencontre d'un groupe de jeunes chômeurs au centre du village qui étaient occupés à « tuer le temps ». Le même discours est tenu par cette catégorie qui se dit « marginalisée ». « On nous promet monts et merveilles depuis des lustres mais tant de choses manquent que je ne saurais par quoi commencer ». dira un jeune. Et un autre de renchérir : « Je suis titulaire d'un diplôme universitaire et pourtant je n'ouvre pas droit au contrat de pré-emploi, et c'est d'ailleurs le cas de la majorité des jeunes. Mais le plus désolant c'est que notre région est assez riche en matière d'industrie. Nous disposons de plusieurs entreprises qui ne profitent malheureusement pas aux jeunes de la région. » Faute d'embauche, ils sont nombreux à avoir quitté leur village pour rejoindre la Sardaigne. « Tous préfèrent, à leurs risques et péril, partir dans des barques de fortune affronter la mer plutôt que de rester ici ; nous enregistrons quotidiennement plus de dix départs », témoigne un habitant , qui ajoute : « Je suis désolé de le dire, mais cette région est totalement délaissée. Les programmes de développement se font désirer, nous ne demandons pas l'aumône mais juste notre droit, et qu'on nous assure au moins l'essentiel c'est tout ce qu'on veut ! » En parlant d'essentiel, cet habitant faisait allusion au gaz de ville, inexistant à ce jour ; c'est à un vrai parcours du combattant auquel font quotidiennement face ces gens, qui continuent à « trimbaler » leurs vieilles bonbonnes de gaz butane, en indiquant que « les routes sont tellement défoncées que les vendeurs ont parfois du mal à atteindre certains quartiers ». Mais ce n'est pas tout, selon un vieil habitant du village, en hiver, ils consomment 4 à 5 bouteilles par jour en payant 250 à 300 DA l'unité. On apprend par ailleurs que d'après le calendrier officiel retenu en matière de gaz dans la wilaya de Skikda, Boumaïza a été retenue pour être raccordée avant la fin de l'année 2010. D'autres maux guettent le quotidien de ces habitants, déjà excédés par la situation actuelle. « Rien ne marche ici, tout reste à faire », affirment-ils. L'alimentation en eau potable a de tout temps fait la polémique au sein de la population puisque l'eau est « impropre à la consommation ». « Beaucoup de personnes ont d'ailleurs été malades », déclarent certains habitants. « Même si la qualité de ce précieux liquide s'est améliorée ces dernières années, elle n'est pour autant pas consommable », dira une femme au foyer. Côté officiel, on infirme ces déclarations en soutenant que l'eau est potable. Un élu de Ben Azzouz déclare à ce sujet : « Un nouveau forage a été réalisé il y a moins de six mois et il dessert une eau irréprochable. Les habitants de Tabïga, dont une partie a largement souffert du manque d'eau, se verront alimentés prochainement puisque l'APC a réservé une enveloppe de 6 millions de dinars pour raccorder cette localité. » En attendant, les habitants de Boumaïza continuent à s'accrocher à l'espoir de voir un jour leur ville sortir du chaos dans lequel elle est plongée depuis plusieurs années déjà, à quelques mètres seulement d'une grande route nationale, près de laquelle on entrevoit les chantiers du projet de l'amélioration urbaine dont a bénéficié Boumaïza. Espérons que ce projet ne s'éternise pas comme les autres !