Dans le faubourg de la gare (langar), à 10 m à vol d'oiseau de l'actuelle résidence du wali de Sétif, il y avait dans le temps une parcelle de terrain inoccupée. (à l'époque, personne ne convoitait les poches vides ou des lots marginaux). Ce serait une dame sétifienne qui en aurait fait don à l'association des oulémas musulmans. C'était en l'an 1948. C'était justement sous les auspices de cette association que l'école « arabe », en l'occurrence la médersa, fut créée. Elle faisait partie des 143 écoles érigées à travers le pays, dont Dar El Hadith à Tlemcen. En fait, cette école est venue rassembler en un seul site les classes déjà fonctionnelles mais éparpillées à travers la ville. La première rentrée scolaire, après la bénédiction inaugurale du Cheikh El Ibrahimi, eut lieu le 1er janvier 1950. Elle avait réuni 380 élèves. L'organisation pédagogique était scindée en cours du jour et en cours du soir. Ceux ci étaient dispensés de 17 à 19 h au profit des enfants scolarisés normalement dans les écoles publiques. Le régime étant mixte, on y voyait, sans tabou, à la même rangée, des garçons et des fillettes. Le régime scolaire pratiqué allait de la première année à la cinquième, au bout de laquelle un examen d'aptitude devait s'effectuer à Constantine à l'institut Ibn Badis. Les lauréats eurent la possibilité de poursuivre les études, après Constantine, soit à Tunis soit au Caire. Si Zerroug Aïssa et Tahar Debbah furent parmi ceux qui allèrent au Caire. Comme le corps professoral était composé d'enseignants érudits, la direction en fut également assurée par d'illustres personnages à l'image de Ali Marhoum, puis Bouaâlem Baki qui se trouvait à l'époque sous une mesure judiciaire l'assignant à résidence à Sétif. Devenue un nid de patriotisme, la médersa, qui produisit plus de 1 000 élèves, sera fermée par l'autorité coloniale en 1957, et son directeur, M. Adel, sera à jamais porté disparu. Cette année-là, Sétif connut une vaste opération de bouclage qui se solda par la « disparition » de nombreux militants. Et Sétif comptera plus tard plus de 8 500 martyrs ! À l'Indépendance, la médersa fut transformée en bureaux de la SAS ; elle servira de centre d'accueil aux moudjahiddine. Madraset El Feth se dénomme actuellement Ecole Bachir El Ibrahim.