Considérée comme un espace non-urbanisable par les services compétents, une parcelle de terrain d'environ 5 000 m2 n'arrête pas d'attirer, depuis quelque temps, des visiteurs louches. Un manège qui a fini par susciter parmi les habitants du lotissement rural n°3, au lieu-dit Sidi Boukhris, beaucoup d'inquiétude. Rencontrés sur les lieux, les pères de famille ne cachent pas leur angoisse face à ces visiteurs qui y viennent de temps à autre, un décamètre à la main, arpenter cet espace prévu depuis la création dudit lotissement, en 1989, comme un espace vert. C'est du moins ce que l'on peut constater sur le plan de masse, enregistré le 26/11/1989 sous le n°104/89, au niveau de la division des infrastructures de base dépendant des services de l'urbanisme, de l'habitat et de la construction, ordonnant le respect des espaces verts. Une instruction qui suit, d'ailleurs, la réalité du terrain en question situé au bord de la route de Douéra. À l'origine de cette situation, nous dit-on, il y a des élus de l'APC de Khraïcia qui n'ont pas raté l'occasion, durant les échéances électorales, pour établir les décisions d'attribution ayant donné lieu, par la suite, à une lutte sans merci au sein de la mafia du foncier, lutte qui a intrigué la région. Aujourd'hui, c'est bien la tranquillité des honnêtes citoyens du lotissement n°3 qui est troublée. Leur angoisse augmente de jour en jour depuis que la ligne électrique de moyenne tension, qui passait juste au-dessus de la parcelle convoitée, a été déplacée. Pour eux, le geste de Sonelgaz n'est ni fortuit ni un cadeau, mais tout simplement pour permettre à un cadre de cette entreprise de bénéficier d'un lot parmi une quinzaine d'autres environ. “Nous avons saisi l'APC où l'actuelle assemblée déclare ignorer tout de cette affaire dans la mesure où cet espace a été loué en 1995, soit à l'époque de la DEC”, disent-ils. Il n'en demeure pas moins que pour ces pères de famille, il y a anguille sous roche car le silence de l'autorité locale est interprété comme une complicité. Ils en veulent pour preuve la présence d'une somptueuse construction érigée, selon eux, illicitement car située dans le prolongement de la parcelle du terrain, juste au niveau du carrefour. En dépit des mises en demeure de la police d'urbanisme saisie par les intéressés, le suivi sur le terrain reste un bien vain mot. Depuis 1996 à nos jours, toutes les instances du pays ont été saisies (wali d'Alger, ministre de l'Intérieur, wali délégué de Draria, P/APC de Khraïcia…) avec plusieurs lettres de rappel. La dernière requête datée du 2 mai 2005 adressée au wali d'Alger par le biais d'un avocat explique clairement que les propriétaires du lotissement ont contribué largement au paiement du VRD. “Aujourd'hui, il est aisé de constater que l'APC n'a pas respecté les conditions du plan de masse et a donc lésé les propriétaires dans leurs droits en attribuant l'espace vert à des gens, sans aucun droit. Il est devenu nécessaire pour la wilaya d'obliger les autorités locales à régulariser la situation des propriétaires défenseurs de l'espace vert et à leur restituer leur droit conformément aux dispositions de la loi”, y lit-on. Pour leur part, les citoyens nous ont signalé que le wali délégué de Draria les a reçus en les rassurant que la loi les protège. “Dès que vous voyez la moindre construction, avisez-moi”, leur aurait-il dit. “Même les services de la présidence de la République ont été avisés de cette affaire”, font-ils savoir. Mais tant que l'APC confirme son mutisme à l'égard de ce problème, ils restent sceptiques. Sur place, un des habitants fait les cents pas en nous montrant le tracé des conduites d'assainissement, comme pour attirer notre attention sur les conséquences catastrophiques en cas de construction sur cet espace. Dans la requête présentée par leur avocat, il est demandé de dépêcher une commission d'enquête sur le terrain afin de constater de visu la problématique qui se pose. Déterminés à aller jusqu'au bout, ils se disent prêts à assigner en justice les responsables de ce problème. A. F.