Ce panorama des cinémas propose un rendez-vous annuel pour explorer et tisser des liens avec cette cinématographie complexe, qui s'invente entre deux, voire plusieurs pays, et qui trouve son inspiration à la fois dans le Maroc contemporain et dans la permanence de son identité. Son ambition est justement de présenter des films représentatifs de cette cinématographie en pleine ébullition en créant un événement susceptible de faire découvrir plus largement cette production au grand public et aux professionnels. Cette année, le cinéma algérien sera présent à cette manifestation de grande envergure. Ainsi, l'association béjaouie Kaina Cinéma a accepté la proposition de programmer une «carte blanche» au jeune cinéma algérien au sein du Panorama des cinémas du Maroc. Les initiateurs de l'association en question partagent avec les organisateurs de cette manifestation la même passion pour le cinéma et la conviction. Ils sont convaincus que cet art constitue un merveilleux outil de réflexion sur le monde et de stimulation de l'imaginaire visuel. Ainsi, deux films algériens ont été sélectionnés. Les réalisateurs de ces films, à savoir Habiba Djahnine et Tariq Teguia, incarnent la nouvelle génération de cinéastes algériens qui cherchent à exprimer avec un style personnel leur regard sur l'Algérie contemporaine. Lettre à ma sœur de Habiba Djahnine a été projeté hier à 16h à la salle 1. Ce documentaire de 1h08 est un flash-back sur la vie et l'œuvre de Nabila Djahnine, assassinée le 15 février 1995 à Tizi Ouzou. La défunte était présidente de l'association de défense et de promotion du droit des femmes, Thighri N'tmettouth (cri de femme), basée dans cette ville. En 1994, Nabila avait écrit une lettre à sa sœur Habiba où elle racontait l'escalade de la violence, la répression, les assassinats, les espoirs si maigres et son désarroi face à l'action quasi impossible en ces années de plomb. La frangine Habiba Djahnine revient 10 ans après l'assassinat de sa sœur pour filmer des images parlantes et émouvantes à la fois. Lettre à ma sœur, explique Nabila, est «ma réponse à sa lettre de 1994, une manière de raconter ce qui s'est passé depuis dix ans». Caméra au poing, elle est retournée sur les lieux pour voir ce que sont devenus Tizi Ouzou et les gens qu'elle connaissait et avec lesquels elle militait. Le deuxième film Roma wa la n'touma (Rome plutôt que vous) de Tariq Teguia lève le voile sur l'histoire bouleversante d'un jeune couple algérois. Depuis plus de 10 années, l'Algérie vit une guerre lente, une guerre sans ligne de front mais ayant causé plus de 100 000 morts. C'est ce désert que Zina et Kamel — tantôt hallucinés et joyeux, tantôt abattus et sereins — veulent sillonner une dernière fois avant de le quitter pour l'ailleurs.