Deux documentaires et une fiction pour souligner la réalité algérienne dans toute sa richesse et sa diversité... Du 10 au 13 mai l'Algérie sera présente au second Panorama des cinémas du Maroc. La salle Ecran de la ville de Saint Denis accueille, en effet, des cinéastes marocains mais aussi des Algériens pour présenter leurs travail artistique, rencontrer, débattre et échanger avec le public.. «Dix longs métrages et neuf courts métrages marocains, deux films en langue amazighe, deux films algériens, autant de partis pris cinématographiques divers et passionnants. Mélange de générations, auteurs confirmés, nouveaux venus dans le paysage cinématographique, cinéastes vivant au Maroc ou ailleurs, hétérogénéité des démarches mais cohérence d'un véritable renouveau» fait remarquer Boris Spire, directeur de l'Ecran et néanmoins programmateur du Panorama. Et d'ajouter: «C'est bien d'une renaissance du cinéma venant du Maghreb dont il s'agit, tant il y a une diversité de regard et d'approche. Errance, désir de partir, envie de revenir, sentiment de déracinement côtoyant celui d'un mélange d'identités complexe et riche, volonté d'affirmation d'existence et envie de briser les tabous, hymne à la tolérance, toutes les contradictions humaines de nos sociétés sont ainsi abordées». Aussi, le cinéma algérien qui se cherche encore à travers sa représentativité mal exprimée parfois, se donne ainsi à voir à travers quelques films aussi bien touchants que singuliers. Carte blanche est donnée à l'Association française Kaina Cinéma qui, depuis 2003, lance des actions culturelles visant à structurer un réseau d'échanges et de formations dans les champs audiovisuel et cinématographique entre l'Algérie et les pays du Bassin méditerranéen. Les rencontres cinématographiques de Béjaïa (organisées jusqu'à 2006 Ndlr) en partenariat avec l'Association Project'heurts, se proposent d'être un espace de formation, de discussions et de constitution de réseaux pour le développement de ciné-clubs à travers le pays, comme le souligne ici Nassim Amaouche, cinéaste et nouveau président de Kaina Cinéma. Premier film à être projeté est Lettre à ma soeur de Habiba Djahnine, un documentaire réalisé en 2006. Il sera présenté le 12 mai en après-midi. Ce documentaire se veut une réponse à une lettre écrite par sa soeur Nabila, 10 ans plus tôt, dans laquelle elle lui confie ses espoirs si maigres et son désarroi face à l'action quasi impossible en ces années de plomb. Et se demande, aujourd'hui, pourquoi le dialogue est devenu impossible. Le second film algérien qui sera présenté à partir de 18h, se veut une fenêtre sur l'Algérie à travers un film inédit à ce jour en France, sélectionné lors du dernier Festival de Venise, dans la sélection Horizon. Il s'agit du premier film de Tariq Teguia, qui sera présent à ce panorama, Roma wa la n'touma qui suit le parcours de deux jeunes Algérois à travers la douloureuse réalité des années 1990. Un film dont il est dit qu'il constitue un jalon important dans l'histoire du cinéma algérien: le renouveau. Il est aussi considéré comme un «témoignage hautement cinématographique d'une réalité peu abordée dans le cinéma algérien». Le cinéma amazigh, avec une production qui se veut de plus en plus dense chez nous, est représenté lors de ce Panorama par le film Slimane Azem, une légende de l'exil, en présence de son auteur Rachid Merabet (documentaire, 2005) qui s'est distingué à la dernière édition du festival du film amazigh qui s'est tenu à Tlemcen. Plus qu'un portrait sur ce chantre de la chanson algérienne d'expression kabyle, ce film porte aussi un regard sur le déchirement d'une génération d'hommes poussés par des raisons de survie à s'exiler vers un monde inconnu...Au programme de ce Panorama du film du Maroc figure aussi une carte blanche à l'Institut du monde arabe, des concerts, notamment avec la pétillante artiste Sapho, le groupe marocain berbero-gnawa Meja, des tables rondes animées, notamment, par Boris Spire, un salon de thé oriental pour vous assurer des qaâdate des plus instructives et décontractées et enfin une rencontre inattendue avec la comédienne marocaine, Souad Amidou, qui a mis en scène le texte Joha et les pommes de Ahmed Tayeb el Alj. Un spectacle théâtral des plus intimes. Cette seconde édition du Panorama des cinémas du Maroc a été possible grâce au partenariat liant le cinéma l'Ecran à l'association dionysienne, Indignes films, et le Centre cinématographique marocain. Alors, si vous êtes dans le coin, n'hésitez pas à aller faire un petit tour!